Maladie d’Alzheimer : le premier médicament pouvant faire régresser la maladie autorisé aux Etats-Unis

10 juin 2021
Maladie d’Alzheimer : le premier médicament pouvant faire régresser la maladie autorisé aux Etats-Unis

Pour la première fois en 20 ans un traitement suscite de l’espoir dans la maladie d’Alzheimer illustration Pixabay AlzheimerVie des aînésRecherche médicale Publié le 07/06/2021 à 19:34 , mis à jour le 09/06/2021 à 13:04 l’essentielLa FDA, l’agence américaine du médicament, vient de donner son feu vert à l’aducanumab, un traitement développé par la société Biogen pour lutter contre la progression de la maladie d’Alzheimer. La nouvelle est accueillie avec enthousiasme à Toulouse où le Gérontopole a coordonné les essais cliniques au niveau français et européen. La nouvelle est majeure sur le front de la lutte contre la maladie d’Alzheimer. La FDA, agence américaine du médicament, vient d’approuver un traitement porteur d’espoir pour des millions de malades. L’aducanumab, un anticorps monoclonal produit par le laboratoire Biogen, serait ainsi le premier, en vingt ans de recherches, capable de réduire la progression de la maladie d’Alzheimer en agissant sur les plaques séniles (plaques amyloïdes) qui détruisent peu à peu le cerveau.  Cette autorisation, très attendue par les associations de patients et par de nombreux médecins, ne va pas manquer de soulever des commentaires. Car l’histoire de l’aducanumab n’est pas banale. Faute de conclusions pertinentes, les essais cliniques avaient été arrêtés à mi-parcours par la société Biogen. Mais, en analysant de plus près la dernière phase de l’étude, où les doses délivrées aux patients étaient plus importantes, Biogen a noté des résultats surprenants qui l’avaient conduit à demander une autorisation de mise sur le marché. La FDA a utilisé une procédure accélérée pour cette autorisation, conditionnée cependant à la poursuite d’essais cliniques pour évaluer les bénéfices du médicament.  Selon le groupe pharmaceutique Biogen, l’analyse des premières données avait montré que l’aducanumab permettrait de réduire les plaques amyloïdes, de diminuer de 23% le déclin cognitif par rapport à un placebo (mesuré par des tests de mémoire) et de ralentir jusqu’à 40% la perte d’autonomie. Des résultats jamais atteints jusque-là par les nombreuses recherches.  Pas encore en Europe À Toulouse, la nouvelle a été accueillie avec enthousiasme. Le Pr Bruno Vellas, gériatre, membre de l’Académie nationale de médecine et coordonnateur du Gérontopole du CHU de Toulouse ne se contente pas du mot « espoir ». Les équipes toulousaines ont coordonné la partie française et européenne des essais cliniques incluant des milliers de patients dans le monde. Même si l’autorisation de l’aducanumab devrait prendre au moins deux ans avant d’arriver en Europe, le traitement signe la fin de longues années d’attente.  « Il s’agit du premier médicament qui vise à réduire la progression de la maladie d’Alzheimer. Jusqu’à présent, nous n’avions que des traitements qui améliorent les symptômes et qui ne sont plus remboursés en France. L’aducanumab montre des effets au stade léger de la maladie, ce qui signifie que nous pourrons enfin proposer quelque chose aux patients jeunes dont on détecte tôt Alzheimer. Cette progression va de pair avec l’arrivée prochaine des biomarqueurs sanguins pour le diagnostic. Pendant dix ans, la recherche a piétiné, soit on n’avait pas les biomarqueurs, soit les patients traités n’avaient pas de plaques amyloïdes, soit les doses n’étaient pas assez fortes… La connaissance avance, d’autres molécules arrivent. Dans les prochaines années, nous aurons une cascade d’essais positifs pour lutter contre la maladie d’Alzheimer », souligne le Pr Bruno Vellas.  Emmanuelle Rey   La Dépêche