22 mai 2018
Zoom sur les essais thérapeutiques

Selon un baromètre Inpes, 61% des Français estiment que les essais thérapeutiques comportent trop de risques, même s’ils sont très encadrés par la loi. C’est pourtant sur eux que repose l’espoir de trouver un jour un traitement efficace.

99% : c’est le taux d’échec affiché par les essais cliniques qui concernent la maladie d’Alzheimer. Lorsque l’on sait, de plus, qu’il faut 10 ans en moyenne entre le moment où l’on identifie une molécule et son éventuelle mise sur le marché en tant que médicament, les arguments sont nombreux pour renoncer à participer à la recherche médicale. 61% des Français jugent, de plus, les essais thérapeutiques trop risqués selon un baromètre Inpes. Un constat peu engageant mais il ne faut pas oublier que la recherche est parvenue, ces dernières années, à identifier des centaines de molécules susceptibles d’agir sur la pathologie. 500 essais cliniques ont été menés dans le champ de la maladie d’Alzheimer entre 2002 et 2016 et plus de 50 d’entre eux l’ont été grâce à l’implication de personnes malades. Des essais qui comportent, en effet, une part de risque, mais qui sont encadrés par un cadre législatif très précis.

Une loi pour protéger et encadrer

Votée en 1988, la loi Huriet-Sérusclat est entrée en vigueur pour encadrer les essais thérapeutiques et garantir la protection des personnes, malades ou non, qui sont engagés dans ces projets de recherche médicale. La loi impose notamment « le consentement libre et éclairé de la personne ». Comme le précise Lyne Valentino, responsable Etudes et Recherche chez France Alzheimer et maladies apparentées, tout participant doit recevoir « une information claire et détaillée sur les objectifs et les modalités de la recherche ainsi que sur les risques éventuels. » Une fois le processus engagé la personne peut, de plus, « retirer son consentement et quitter la procédure à tout moment. » Pour participer à des essais thérapeutiques, deux documents sont par ailleurs nécessaires : la notice d’information et le formulaire de consentement éclairé.

Impossible également d’engager tout projet scientifique mené sur l’Homme sans l’approbation préalable du Comité consultatif pour la protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales (CPP). Ce comité éthique indépendant est chargé de contrôler la rigueur scientifique du projet et doit vérifier que les conditions de protection des participants sont bel et bien respectées. En plus du CCP, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) exerce aussi un rôle de surveillance, notamment grâce à l’expertise de deux représentants des associations agréées de personnes malades. Sans l’avis favorable du CCP et de l’ANSM, il est impossible d’entreprendre un essai thérapeutique.

Avis d’expert : Claire Paquet, neurologue au Centre mémoire ressource et recherche de l’hôpital Lariboisière à Paris : « Le recrutement des volontaires reste difficile »


« Beaucoup de personnes malades veulent participer aux essais cliniques. Ils sont dans une démarche volontaire et altruiste : ils savent que le médicament qu’ils testent a peu de chances de leur bénéficier. Mais ils agissent pour les autres, pour les futures personnes malades. Ils se voient ainsi comme des acteurs à part entière de la recherche, et ils ont raison. Malgré cette formidable implication des patients, le recrutement des volontaires reste difficile, tant leur profil doit être précis. Les participants doivent notamment être à un stade débutant de la maladie, et nous nous heurtons alors à la problématique du diagnostic précoce qui doit encore progresser ! »