18 octobre 2018
Un traitement capable de ralentir l’évolution de la maladie ?

Un nouveau traitement actuellement en phase d’étude parviendrait à ralentir le déclin cognitif chez les personnes en début de maladie. Des résultats prometteurs qui restent à confirmer.

Trouvera-t-on un jour un médicament capable de guérir la maladie d’Alzheimer ? Il est encore trop tôt pour le dire et les récents et nombreux échecs dans ce domaine sont là pour le rappeler. Toutefois, les résultats d’une étude sur un traitement actuellement en cours d’élaboration ont fait frémir tous les professionnels de santé engagés dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer. Développé par le laboratoire pharmaceutique japonais Eisai, en collaboration avec le géant américain des biotechnologies Biogen, ce nouveau traitement parviendrait à ralentir le déclin cognitif chez les personnes en début de maladie. Annoncés lors du Congrès international sur la maladie d’Alzheimer en août dernier à Chicago, les résultats de l’essai de phase II montreraient en effet un ralentissement du déclin cognitif chez les patients ayant reçu une perfusion tous les 15 jours. Conséquence directe de cette annonce, le titre Biogen a vu sa valeur considérablement augmenter début juillet à la bourse de New York.

 “Il s’attaque aux plaques amyloïdes”

856 patients ont participé à l’étude, menée aux États-Unis, au Japon et en Europe. En France, seul le Centre de Neurologie Cognitive de l’Hôpital Lariboisière à Paris a participé à cette étude. Interrogé par Le Figaro, le professeur Pierre Krolak-Salmon, président de la Fédération des CMRR, reconnaît que ces résultats sont prometteurs car “ce médicament s’attaque aux lésions présumées responsables de la maladie, les plaques amyloïdes”. Jusqu’à aujourd’hui, jamais un traitement n’est parvenu à agir sur les dépôts de plaques amyloïdes tout en montrant des bénéfices suffisamment significatifs en phase III sur le plan cognitif. Les résultats de l’étude de phase III seront donc très attendus.

« Il est trop tôt pour savoir si ce traitement sera efficace »

3 questions au professeur Claire Paquet, neurologue au Centre de neurologie cognitive (CMRR) Paris-Nord, hôpital Lariboisière Fernand-Widal, Université Paris Diderot.

Quelles conclusions peut-on tirer de ces résultats ?
Les études de phase II, comme c’est le cas ici, ne permettent pas de mesurer l’efficacité d’un traitement. Celle-ci est démontrée plus tard grâce aux études de phase III. Il est donc trop tôt pour conclure quoi que ce soit car les résultats obtenus ne sont pas toujours confirmés lors de la phase III.

Ce traitement vous semble-t-il tout de même plus prometteur que les autres ?
Nous sommes  le seul centre français qui a inclus des patients dans cette étude. C’est un traitement qui est tout de même assez lourd, pour les patients comme pour l’équipe qui l’encadre.  On ne peut pas parler d’amélioration mais on observe en effet un ralentissement du déclin cognitif. Les différences constatées entre les groupes qui ont participé à l’étude sont en ce sens assez positives. Mais encore une fois, on ne peut rien conclure sur l’efficacité future de ce traitement.

Combien de temps faudra-t-il attendre pour en savoir plus ?
Il faudra encore attendre plusieurs années. L’étude de phase III n’a pas encore commencé et devra s’étaler sur au moins 24 mois. Quatre ou cinq années seront donc nécessaires avant d’avoir des réponses plus précises. Ces résultats sont intéressants, c’est bien qu’ils suscitent de l’espoir mais nous ne pouvons pas affirmer dès aujourd’hui que ce traitement sera efficace. Nous sommes peut-être juste sur le bon chemin.