6 décembre 2021
Qu’est-ce que la mémoire visuelle ?

La mémoire visuelle est une composante de la mémoire perceptive qui a pour fonction de retenir et traiter les informations visuelles (images, visages, couleurs, motifs, symboles, texte, environnement général…). Elle fait intervenir la mémoire iconique, la mémoire à court terme et la mémoire à long terme, et correspond à une activité cérébrale dans le cortex visuel du lobe occipital. Comment fonctionne la mémoire visuelle ? Quand s’en sert-on ? Peut-on vraiment dire de quelqu’un qu’il a une mémoire visuelle plutôt qu’auditive, par exemple ?

La mémoire visuelle, un sous-système de la mémoire perceptive

La mémoire perceptive est chargée de retenir les stimuli perçus par nos sens (vue, ouïe, odorat, toucher, goût…). Ces informations sont la plupart du temps perçues par le cerveau à notre insu, mais elles sont essentielles au fonctionnement de la mémoire procédurale, à savoir la mémoire des gestes routiniers : faire du café, faire ses lacets, faire du vélo… La mémoire procédurale et la mémoire perceptive, y compris la mémoire visuelle, travaillent donc main dans la main pour la mise en place d’automatismes à faible coût cognitif, nous permettant de concentrer nos ressources mentales sur d’autres activités (conduire tout en regardant les panneaux de signalisation, par exemple).

 

Quand intervient-elle ?

 La mémoire visuelle intervient en permanence, de façon plus ou moins consciente, et en collaboration avec chaque système de mémoire. C’est elle qui nous permet de reconnaître un visage familier, de mémoriser le début d’une phrase que l’on vient de finir de lire pour en comprendre le sens, de savoir que l’on doit lever le pied en voiture car on vient de passer devant un panneau de limitation de vitesse, etc. La mémoire visuelle occupe donc une place centrale dans notre quotidien. Elle est notamment essentielle aux apprentissages scolaires et à l’exercice de la plupart des professions.

 

Comment fonctionne la mémoire visuelle ?

La mémoire visuelle ne constitue pas un système de mémoire au même titre que la mémoire sémantique ou la mémoire épisodique. On parle de mémoire visuelle pour désigner la rétention et le traitement des stimuli visuels dans la mémoire à court terme, avant qu’ils ne soient éventuellement pérennisés dans l’un des grands registres de la mémoire. Par exemple, la mémoire visuelle est liée à la mémoire sémantique (la mémoire des savoirs et connaissances théoriques) dans la reconnaissance d’une couleur ou d’un style pictural, mais elle peut tout aussi bien être liée à la mémoire épisodique (mémoire des événements vécus) dans le cas où l’on passe à côté d’un lieu dans lequel nous nous sommes déjà rendu.

 

 

 

La mémoire iconique, porte d’entrée de la mémoire visuelle

Comme mentionné précédemment, la mémoire visuelle repose sur la mémoire iconique, la mémoire à court terme (MCT) et la mémoire à long terme (MLT). La mémoire iconique est utilisée pour la première étape de la mémorisation : l’encodage.

C’est elle qui nous permet, entre autres, de voir un film comme un ensemble continu et non une succession d’images statiques. C’est également la mémoire iconique qui est responsable de la cécité au changement, un phénomène qui se produit lorsqu’une une personne ne détecte pas une modification se produisant dans son environnement, même si cette modification est importante. Deux images similaires dans l’ensemble mais comportant une différence notable peuvent alors être perçues comme une seule et même image lorsqu’elles sont présentées successivement.

 

La mémoire iconique est composée de la persistance visuelle, une sorte de photographie mentale de ce qui est perçu par l’œil (ex : un panneau stop), d’une durée de vie de quelques millisecondes, et de la persistance informationnelle, qui permet de retenir le sens de ce qui est perçu (ex : le panneau stop indique que je dois m’arrêter).

 

Schéma de fonctionnement

Le stimulus visuel est perçu, puis stocké pendant quelques millisecondes dans la mémoire perceptive. A ce stade, soit le stimulus est ignoré et oublié, soit il est transféré dans la mémoire à court terme, en particulier dans la mémoire de travail lorsque le stimulus sert à la réalisation d’une tâche. Tout comme le reste de la mémoire à court terme, la durée de rétention n’excède pas quelques minutes, et le volume d’informations est également limité (environ 7 éléments). Selon la charge émotionnelle de l’information et les ressources attentionnelles allouées à sa perception, elle sera ensuite transférée dans la mémoire à long terme, ou bien oubliée.

 

La forme sous laquelle sont enregistrées les informations visuelles dans la mémoire à long terme fait encore débat. Selon certains chercheurs, les images stockées en MLT contiendraient les caractéristiques réelles des objets qu’elles représentent. Selon d’autres, le souvenir des informations visuelles ne serait qu’une représentation subjective de celles-ci.

 

Mémoire visuelle et idées reçues

On entend souvent les gens se targuer de posséder une mémoire visuelle ou une mémoire auditive. Le fait que certaines personnes seraient capables de photographier mentalement et de mémoriser des informations visuelles sans effort est toujours présente dans l’inconscient collectif, renforçant l’idée selon laquelle les problèmes d’apprentissage pourraient être liés à un type de mémoire sensorielle plus développé qu’un autre.

 

La recherche scientifique a bien mis en évidence l’existence de mémoires sensorielles, mais elles n’ont une capacité de rétention que de quelques fractions de secondes, voire légèrement plus pour la mémoire auditive qui permettrait de retenir un stimulus pendant 2,5 secondes. La quantité d’informations qui peut être retenue simultanément et éventuellement transférée aux autres systèmes de mémoire est également minime. De plus, la structure de la rétine ne permet une acuité visuelle suffisante que sur un angle d’environ 2 degrés. Il est donc impossible, comme certains ont pu le prétendre, de visualiser une page d’un livre de cours pendant quelques secondes et d’enregistrer efficacement son contenu.

 

En réalité, il n’existe pas de mémoire sensorielle à long terme. La mémoire sensorielle visuelle n’est qu’un sas qui précède (ou non) un traitement approfondi de l’information et un stockage à long terme, sous la forme d’une représentation plus ou moins fidèle à la réalité.