13 février 2024
Journée internationale des femmes et des filles de science

La contribution des femmes aux avancées de la science a longtemps été oubliée. À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, ce 11 février, nous vous proposons de plonger dans la vie de Constance Pascal.

La place de la femme dans le monde scientifique a souvent été négligée par le passé. Pourtant, elles sont souvent la source de découvertes et de progrès significatifs dans de nombreux domaines, dont la neuroscience. Parmi elles : Constance Pascal, femme exceptionnelle à plus d’un titre. Immigrée roumaine, elle est la première femme psychiatre française, une réformatrice des soins aux patients, une chercheuse en maladies mentales, tout en ayant élevé, seule, sa fille Jeanne.

Forcer son destin

Née le 22 août 1877 à Pitesti en Roumanie, Constanza Pascal fréquente l’école secondaire à Bucarest. Alors que son frère est encouragé à entamer une carrière militaire, elle n’est pas autorisée par sa famille à poursuivre des études, jusqu’au décès de son père en 1891. Elle s’installe alors à Paris en 1897 et s’inscrit à la faculté de médecine, avec un soutien financier minimal, et dans un monde très masculin. Un monde dans lequel elle s’imposera.

Grâce aux efforts de l’activiste féministe Madeleine Pelletier, Constanza Pascal, femme discrète, brillante et courageuse, devient la première femme interne en psychiatrie, en 1903. Sa thèse intitulée Formes atypiques de la paralysie générale, supervisée par Paul Sérieux, médecin psychiatre reconnu, obtient la meilleure note, une médaille de bronze de la faculté de médecine et le prestigieux prix Moreau de Tours en 1906.

Un an plus tard, Constanza Pascal obtient la nationalité française et change son prénom en Constance. Elle réussit son examen en 1908 et obtient un poste permanent en psychiatrie ; une première pour une femme. Elle réalise une série d’études cliniques sur la démence précoce. Elle publie, en 1911, La démence précoce : étude psychologique, médicale et médico-légale. Dans un domaine dirigé par les hommes, les travaux de recherche Constance Pascal sont récompensés par de nombreuses publications.

Dans une lettre écrite à son frère Trajan en 1912, Constance Pascal évoque son combat et lui conseille de faire davantage “d’observations sociologiques” : “As-tu jeté un coup d’œil sur la société ? N’as-tu pas vu que toutes les écoles, toutes les fonctions sont largement ouvertes aux hommes seulement ? Que n’importe quel imbécile du sexe masculin qui sait lire et écrire peut entrer dans une école de l’État. Quel mérite d’être un homme !“, ironise la doctoresse qui, en avril 1919, écrit un article dans le journal La Voix commune, intitulé La femme française votera-t-elle ?

Approche plus humaine

Sa carrière dans les institutions psychiatriques est rapidement bousculée par la Première Guerre mondiale. À l’asile de Clermont-de-l’Oise (Oise), elle cache des soldats français et leur apporte une assistance médicale. C’est aussi durant cette période qu’elle tombe enceinte et accouche de sa fille, Jeanne, qu’elle élève seule.  

 Dans les hôpitaux psychiatriques où elle travaille, comme médecin adjoint puis comme médecin-chef, elle peut parfois bousculer les habitudes. Elle interdit les châtiments corporels et les camisoles de force pour les personnes souffrant de troubles mentaux. Elle veille à garder des dortoirs propres et s’intéresse à l’éducation des enfants montrant des difficultés d’apprentissage sévères. Elle s’efforce également d’attirer l’attention sur la souffrance des personnes atteintes de troubles mentaux, dans le but de réduire la stigmatisation et la discrimination que vivent ses personnes.

 Mère célibataire, Constance Pascal est diagnostiquée d’un cancer du sein en 1928. Elle décède le 21 décembre 1937, à Neuilly-sur-Marne. Elle est enterrée deux jours plus tard, en présence de sa fille Jeanne et de son médecin. Sur sa tombe, le mot “doctoresse” précède “C. Pascal”, comme un pied-de-nez au monde masculin dans lequel elle a fait sa place et tracé un sillon, pour d’autres femmes.

 

Constance Pascal et le personnel à Châlons-sur-Marne
Pascal et le personnel à Châlons-sur-Marne