17 juin 2021
Le système digestif, ce deuxième cerveau

Un domaine de recherche fait l’objet d’un vif intérêt : l’axe dit « cerveau-intestin », qui relie les neurones et le microbiote (ensemble des bactéries hébergées par l’intestin). Des scientifiques ont étudié les liens entre l’activité neuronale, perturbée dès les stades pré-symptomatiques de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée, et les modifications du microbiote intestinal.

C’est un nouveau pan de la recherche qui s’ouvre un peu plus avec les conclusions d’une étude menée par une équipe de l’Université de Genève et des collègues suisses et italiens. Ils viennent de prouver la corrélation entre le microbiote intestinal et l’apparition de plaques amyloïdes dans le cerveau, typiques des personnes touchées par la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée.

« Le microbiote intestinal est un ensemble de microorganismes qui nous colonisent comme les champignons, les bactéries et les virus. Il existe un microbiote intestinal comme il existe un microbiote buccal pour la bouche ou un microbiote pulmonaire pour les poumons », explique tout d’abord Sylvie Claeysen, chercheuse Inserm à l’Institut génomique fonctionnelle de Montpellier et membre du Conseil scientifique de l’association France Alzheimer et maladies apparentées. On dit par ailleurs souvent que l’intestin est le deuxième cerveau de l’homme. « L’intestin et le cerveau communiquent en permanence, par le sang, par le système nerveux. Ils s’envoient des messages.

Le microbiote intestinal peut émettre des signaux moléculaires qui vont influencer les messages nerveux qui se dirigent vers le cerveau, et inversement. »

Mais s’il y a bien une corrélation entre le microbiote intestinal et l’apparition de plaques amyloïdes dans le cerveau, « il est difficile de dire si c’est la composition bactérienne altérée dans l’intestin qui cause la maladie d’Alzheimer, ou l’inverse », glisse Sylvie Claeysen.

La chercheuse Inserm croit beaucoup en ce nouveau pan de recherche pour deux raisons. Les résultats pourraient d’abord conduire à un marqueur de diagnostic précoce de la maladie. « Des biomarqueurs, des traceurs pourraient être recherchés et exploités afin de détecter la maladie d’Alzheimer le plus tôt possible, bien avant les premiers symptômes, et d’agir en conséquence. » Les résultats pourraient aussi mener à des stratégies innovantes pour restaurer un fonctionnement cérébral normal en modulant le microbiote par l’élimination des bactéries responsables des effets néfastes ou par l’ajout de bactéries bénéfiques.

Ce volet de la recherche semble donc intéressant, et prometteur, mais le travail de recherche est loin d’être terminé.