4 janvier 2022
Comment ouvrir l’appétit des personnes touchées par Alzheimer ?

Sentir une bonne odeur alimentaire peu de temps avant leur repas peut-il redonner de l’appétit aux personnes atteintes d’une maladie d’Alzheimer ? C’est l’enjeu d’une étude conduite par des chercheurs du Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation (CSGA) et des praticiens du Centre Hospitalier de la Haute Côte-d’Or (sites de Mont- bard, Châtillon-sur-Seine et Alise Sainte-Reine).

30 à 40 % des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer souffrent de dénutrition selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).

« Plusieurs travaux ont montré que la maladie d’Alzheimer s’accompagne souvent de troubles alimentaires », explique Claire Sulmont-Rossé, directrice de recherche au Centre des Sciences Du Goût et de l’Alimentation, à l’INRAE. « Cela peut se traduire par des incapacités à rester en place, des pertes d’appétit, des non-reconnaissance d’aliments, l’oubli des temps dédiés au repas… »

Autre problème : la disparition dans les Ehpad de rituels et de repères autour de la préparation des repas. « De plus en plus d’Ehpad fonctionnent avec une liaison chaude. En somme, les repas arrivent dans des chariots chauffés. Les personnes malades ne voient personne cuisiner, elles ne sentent pas les odeurs qui accompagnent la préparation d’un repas. »

Claire Sulmon-Rossé et ses collègues ont ainsi mené une simple étude. « Il s’agissait de regarder, si en amenant une odeur lors du repas, en réintroduisant un repère, cela pouvait avoir un effet positif sur l’appétit. Pour cette étude, nous avons travaillé avec un médecin, une psychologue, une diététicienne d’établissements du département de la Côte-d’Or. Nous avons diffusé une odeur de viande un quart d’heure avant l’arrivée du repas. Les personnes n’étaient pas au courant. Pendant le repas, nous avons observé leur comportement et à la fin, nous avons pesé leurs assiettes. À titre de comparaison, nous leur avons bien sûr proposé le même repas aux quantités semblables, sans stimulation olfactive préalable. »

Cette expérience a été menée deux fois. « Lors de la première, nous avons constaté une augmentation de la consommation du plat avec la diffusion de l’odeur. Les patients portaient également davantage attention au repas. »

Le deuxième essai a été moins concluant. « Peut-être qu’ il faut changer l’odeur pour éviter les mécanismes d’habituation. »

Claire Sumon-Rossé estime que cette piste de la stimulation olfactive et des repères sensoriels mérite d’être creusée un peu plus encore.