1 août 2018
Déremboursement des médicaments dits « anti-Alzheimer » : le Conseil d’Etat saisi !

France Alzheimer et maladies apparentées et plusieurs sociétés savantes ont saisi le Conseil d’Etat, afin de faire annuler l’arrêté sur le déremboursement des 4 médicaments dits « Anti-Alzheimer ». Les requérants dénoncent une décision ministérielle « injustifiée et incohérente », tant sur le fond que sur la forme.

A partir d’aujourd’hui, 1er août, les médicaments dits « anti-Alzheimer » ne sont plus remboursés. Depuis le 29 mai, date de l’annonce officielle par le ministère de la Santé et des Solidarités, la mobilisation ne faiblit pas du côté de France Alzheimer et maladies apparentées, principale porte-parole des millions de familles touchées par la maladie. Les plus grandes sociétés savantes, comme la Fédération des Centres Mémoire, la Fédération Française de Neurologie, la Société Française de Neurologie, la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie, la Société de Neuropsychologie de Langue Française, la Société Francophone de Psychogériatrie et de Psychiatrie de la Personne Âgée, ou encore l’Association des Neurologues Libéraux de Langue Française se sont associées à France Alzheimer et maladies apparentées pour déposer, vendredi 27 juillet, un recours contentieux devant le Conseil d’État. Recours à l’encontre de l’arrêté publié le 1er juin dernier dans le « Journal Officiel » fixant au 1er août le déremboursement total de l’Aricept (donépézil), de l’Ebixa (mémantine), de l’’Exelon (rivastigmine) et du Reminyl (galantamine), mais aussi des génériques indiqués dans le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer.

Une « évaluation à charge »

Jugée « inappropriée, inadaptée et infondée » par les 8 requérants, cette décision fait donc aujourd’hui l’objet d’un recours devant le Conseil d’Etat. Il faut dire que la procédure de consultation ne s’est assurément pas déroulée dans des conditions dites régulières. Ainsi, plusieurs membres et experts de la commission de transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS), avaient déjà pris publiquement parti pour un déremboursement total des médicaments dits « anti-Alzheimer ». L’un d’eux niant même l’existence de cette maladie dans un livre paru récemment, insultant ainsi les nombreux patients et familles touchés. Le recours déposé pointe ainsi du doigt l’absence d’indépendance et d’impartialité des experts sollicités, dénonçant une « évaluation à charge ».

Des études prouvent leur efficacité

Jusqu’ici, aucune étude publiée ne remet en cause l’efficacité de ces médicaments. De plus, aucun signal de pharmacovigilance défavorable ou de dangerosité n’a été émis par les autorités sanitaires des pays occidentaux. Bien au contraire, l’ensemble des travaux et études finalisés concluent à l’efficacité, certes modeste, des médicaments prescrits pour un traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer ou encore de la maladie à corps de Lewy. Mieux, le caractère favorable de la balance bénéfice / risque, (celle-là même qui dicte en temps normal une procédure de déremboursement ou non) vient d’être confirmé par trois méta-analyses, mais aussi par le National Institute for Health and Care Excellence du Royaume-Unis et par la célèbre revue scientifique Cochrane. Au regard de ces faits, comment la HAS peut-elle conclure à une inefficacité voire à une « dangerosité » des médicaments déremboursés ? En attendant de répondre à cette question, le Conseil d’Etat se doit, selon les requérants, de rendre un avis éclairé.