22 janvier 2020
Une Porte des Souvenirs et de la Vie au musée Rodin

En réponse à la Porte de l’Enfer de Rodin, des résidents de l’hôpital gériatrique Les Magnolias de Ballainvilliers (Essonne) ont réalisé une Porte des Souvenirs et de la Vie. Un projet mené avec l’aide de l’artiste Caroline Desnoëttes et du musée Rodin.

L’hôpital gériatrique Les Magnolias situé à Ballainvilliers, dans l’Essonne, et le musée Rodin à Paris ont inauguré ce 6 janvier la Porte des Souvenirs et de la Vie, placée à l’entrée du musée consacré à l’œuvre du sculpteur français.

Cette porte, répondant à la Porte de l’Enfer de Rodin, est le fruit d’une collaboration entre le musée et l’hôpital, avec la complicité de l’artiste Caroline Desnoëttes.

L’idée émane de l’hôpital qui héberge notamment des personnes touchées par la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées, et qui a répondu à un appel à projets de l’Agence régionale de la Santé. « Je suis intimement persuadée qu’amener l’art et la beauté à l’hôpital permet de réveiller les personnes et que cela permet de leur donner un statut d’individu à part entière », explique Laurence Luquel, médecin chef au sein de l’hôpital gériatrique les Magnolias. « L’objectif de ce projet était aussi de changer le regard parce que l’on parle toujours de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées avec cette notion de perte, de déclin… Et ça a marché. Les soignants ont vu les personnes sous un autre angle. Ils ne s’imaginaient pas qu’elles puissent s’éveiller, avoir un point de vue sur les œuvres d’art, et l’exprimer. Les ateliers de sculpture ont été des moments extrêmement émouvants. Les yeux avaient des étincelles, les sourires revenaient… Un homme en chaise roulante s’est même levé pour aller toucher la Porte de l’Enfer lors d’une visite au musée Rodin, ce qui a surpris tout le monde. »

L’animatrice des ateliers de sculpture, Caroline Desnoëttes, acquiesce. « Ces ateliers ont apporté des souvenirs et de la vie comme le dit le titre de l’œuvre réalisée de manière collégiale. Cela a permis à chacun de questionner sa mémoire et de faire ressurgir des souvenirs. Cela a finalement permis la création d’une porte avec 49 sculptures qui racontent autant d’histoires singulières. »

Isabelle Bissière, cheffe du service culturel du musée Rodin, est très heureuse du résultat et d’avoir participé au projet. « C’est une des missions du musée de rendre l’œuvre de Rodin accessible à tous les publics et notamment aux publics qui en sont éloignés. Nous avons travaillé avec des personnes détenues, des enfants hospitalisés, et cette année avec l’hôpital des Magnolias. C’était un travail tout à fait nouveau et fascinant pour nous. J’ai été étonnée de voir la qualité des productions de personnes âgées touchées par la maladie d’Alzheimer. Il y a une humanité, une âme singulière qui se dégage des œuvres. J’ai également été touchée par les visiteurs et la manière dont ils ressentaient la Porte des Souvenirs et de la vie. Ils la photographiaient, ils étaient intrigués, émus. »

Jeanne, 81 ans, a participé à la réalisation d’une des sculptures qui composent la Porte des Souvenirs et de la Vie. Son œuvre : Bécot parfumé. « Ce projet m’a apporté une joie immense. J’ai pris comme référence une sculpture de Rodin que j’aime, Les Amants. J’ai isolé les visages et j’ai vu qu’il y avait un rapport extraordinaire entre l’amour et le parfum. Je suis peintre, mais je n’avais sculpté. J’ai beaucoup aimé travailler avec de la plastiline qui est un matériau souple. Et puis, il y avait une ambiance extraordinaire pendant les ateliers de sculpture. On était accueillis avec des petits gâteaux et le café. Caroline nous a appris à sculpter et elle nous donnait un coup de main quand c’était nécessaire. C’était merveilleux. »

Heureux du résultat, l’hôpital gériatrique les Magnolias et le musée Rodin comptent chacun  continuer sur leur lancée et poursuivre d’autres projets similaires.

Vous pouvez également écouter le reportage d’Alzheimer la radio consacré à cette inauguration.