30 juillet 2019
Une bactérie liée à une inflammation des gencives serait-elle un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer ?

Une récente étude ouvre une piste intéressante pour mieux comprendre l’apparition de la maladie. Elle propose également une thérapie prometteuse.

Une bactérie liée à une inflammation des gencives serait-elle un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer ? C’est l’hypothèse explorée par plusieurs équipes de recherche. En effet, de précédentes études ont établi un lien entre la santé buccale, et plus particulièrement la parodontite (une inflammation chronique de la gencive), et le risque de développer la maladie d’Alzheimer. En cause ? La bactérie Porphyromonas gingivalis, objet d’une récente étude publiée dans la revue Science Advances.

Premier résultat majeur de l’étude : les chercheurs ont trouvé des traces de la bactérie P. gingivalis dans le cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer ainsi que dans leur liquide céphalo-rachidien. Dans un second temps, ils ont cherché à comprendre l’impact de cette bactérie sur le cerveau. Ils se sont alors intéressés à la gingipaïne, une protéine produite par la bactérie. Ils ont pu montrer que la gingipaïne est toxique pour les neurones : elle est associée à une production plus importante de peptides bêta-amyloïdes, connus pour leur implication dans la maladie d’Alzheimer. Pourquoi ? Les chercheurs suggèrent que ces peptides ont une action antimicrobienne : la présence de bactéries P.gingivalis entraînerait ainsi une production en grande quantité de ces peptides pour lutter contre l’infection, mais qui se révèlerait en réalité toxique pour les neurones.

Au-delà d’ouvrir une piste intéressante pour mieux comprendre l’apparition de la maladie, cette étude propose également une thérapie prometteuse. Les chercheurs ont en effet développé des molécules capables de pénétrer dans le cerveau pour y bloquer l’activité des gingipaïnes et donc empêcher l’action délétère des bactéries de façon plus efficace qu’un antibiotique à large spectre. Les premières expériences précliniques ont montré que ce traitement peut réduire la présence des bactéries et de peptides bêta-amyloïde dans le cerveau .

Prochaine étape : évaluer l’intérêt de ce traitement chez l’homme. Un essai clinique est actuellement en cours aux États-Unis et devrait s’étendre à l’Europe dans les prochains mois.