22 décembre 2020
Un acide aminé permettrait de restaurer la mémoire

Restaurer la mémoire – Des chercheurs ont découvert l’importance de la L-sérine chez des souris modèles de la maladie d’Alzheimer. Des chercheurs du Laboratoire des maladies neurodégénératives (CNRS/CEA/Université Paris-Saclay) et du Neurocentre Magendie (Inserm/ Université de Bordeaux) travaillent sur une piste prometteuse face à la maladie d’Alzheimer. Cette piste, c’est la L-sérine.

« L’objet de nos recherches, c’était de comprendre le rôle du métabolisme énergétique dans le cerveau et sa contribution dans l’évolution de la maladie d’Alzheimer », explique Gilles Bonvento, directeur adjoint du Laboratoire. « Nous savons que dans le cerveau des patients qui sont atteints de cette maladie, le métabolisme énergétique est altéré de manière précoce, avant l’apparition des premiers symptômes. Situées à côté des neurones, les cellules gliales, et en particulier les astrocytes, sont celles qui n’assurent plus convenablement leur fonction. »

Les travaux de recherche mettent en avant le rôle particulier d’un acide aminé, la L-sérine. « Ce sont les astrocytes qui produisent la L-sérine en transformant le glucose. Or, on voit que dans les cerveaux de nos souris modèles d’Alzheimer, les astrocytes produisent moins de L-sérine. » La L-sérine joue donc un rôle essentiel pour la mémoire. « C’est tout le travail que nous avons réalisé en partenariat avec l’équipe de Aude Panatier et de Stéphane Oliet à Bordeaux. Cette L-sérine produit un autre acide aminé, l’acide aminé D. Elle joue un rôle très important dans le fonctionnement des synapses dans le cerveau. Je rappelle que les synapses permettent la transmission de l’information entre les neurones. Or, si les astrocytes produisent moins de L-sérine, t donc moins de D-sérine, la neurotransmission fonctionne moins bien. Tout cela serait responsable des déficits de mémoire dans le cadre de la maladie d’Alzheimer. »

L’hypothèse serait donc la suivante. « Si on peut compenser cette perte de production de L-sérine dans le cerveau des personnes malades, on pourrait ralentir l’apparition des symptômes et notamment les pertes de mémoire. » Cela a en tout cas fonctionné dans le cerveau des souris modèles d’Alzheimer. « Nous avons donné à ces souris un régime alimentaire enrichi en L-sérine. On a ainsi pu restaurer la quantité de D-sérine dans le cerveau de nos souris et nous avons ensuite constaté une amélioration des capacités de mémorisation. »

Ces résultats sont d’autant plus intéressants que la L-sérine peut s’obtenir très facilement en complément alimentaire. Mais attention, prévient Gilles Bonvento, « nous avons acquis ces résultats chez des rongeurs. Il faudra tout d’abord confirmer ces résultats chez d’autres modèles d’animaux. Et si les résultats sont concluants, nous pourrions passer à des essais cliniques réalisés de façon rigoureuse. La maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées ne sont pas les seules maladies où le métabolisme énergétique pose problème. D’autres pathologies neurodégénératives sont concernées comme Parkinson et Huntington. Il faut continuer à tester, à essayer de comprendre comment un acide aminé pourrait jouer un rôle aussi important dans le cerveau. »