16 juillet 2020
Pour des soins plus adaptés

L’identité ou plutôt cette identité qui évolue chez la personne vivant la maladie, le personnel soignant des Ehpad doit y être attentif.

« C’est effectivement important de prendre l’évolution de l’identité en considération », estime Susanne Öhrn, psychologue clinicienne. « Le personnel soignant doit faire connaissance avec la personne vivant la maladie. Il doit créer du lien, connaître son histoire tout en découvrant aussi qui elle est aujourd’hui. Évidemment, savoir qu’elle préfère le café noir au thé sucré permet de respecter ses goûts et ses habitudes. Mais il est aussi essentiel que le personnel sache si elle a été mariée, si elle a des enfants. Plus on connaît quelqu’un et mieux on peut l’accompagner et trouver des sujets propices à gérer les émotions intenses qui peuvent parfois la submerger. »

Cyril Barriquault illustre son propos avec un exemple, au sujet d’un résidant en Ehpad touché par la maladie et qui avait fait la guerre d’Algérie. « Cet homme est tout à coup devenu angoissé, triste, apeuré. Le personnel de l’Ehpad n’a pas compris de suite qu’il réagissait à ce qu’il voyait tous les soirs au journal télévisé. On y parlait de l’attentat de Charlie Hebdo et cet événement lui faisait revivre le traumatisme de la guerre. »

« Cela peut être compliqué parce que les équipes de soin changent beaucoup. Parce qu’en Ehpad, tout est saucissonné », ajoute Susanne Öhrn.

« Il n’y a pas un infirmier pour une personne malade. Il est donc essentiel que le personnel soignant tienne à jour un registre du parcours de vie, nommé « projet de vie personnalisé » et qu’il s’y intéresse. C’est d’ailleurs recommandé par l’ARS. Tout peut y être indiqué : les goûts, les valeurs, les événements marquants… Tout cela donne des idées pour mieux accompagner les personnes. »

Connaître la personne malade permet donc au personnel soignant de réagir à bon escient, mais aussi d’être proactif. « Il ne faut pas seulement connaître la personne que l’on soigne, mais aussi chercher à la motiver, à l’impliquer, à lui donner le sentiment d’être utile », glisse encore Susanne Öhrn, avant de conclure. « Bref, tout cela permet de donner à la personne malade le sentiment d’être considérée, d’exister. »