5 avril 2022
Philippe Poutou répond par écrit aux questions de France Alzheimer et maladies apparentées

L’équipe de campagne de Philippe Poutou a accepté de répondre à nos questions concernant les enjeux autour de la prise en soins et de l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée et de leurs proches aidants. Nous partageons ici le contenu de leurs réponses.

« Quelques mots d’abord, avant de répondre précisément à vos questions. C’était en 2007, Olivier Besancenot était un des premiers, avec sa campagne « Nos mamies valent plus que leurs profits », à dénoncer l’accueil indigne des personnes âgées, les tarifs d’hébergement exorbitants en Ehpad largement supérieurs à la moyenne des retraites, qui font les profits des Korian, Orpéa, et le malheur des résident.es et des personnels. Tout cela rend plus que jamais nécessaire un service public de l’autonomie et du quatrième âge, toujours plus d’actualité. Ces difficultés sont démultipliées pour les personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer et leurs aidants. Elles ont encore été renforcées par le Covid, les problèmes de masques, l’isolement dans des Ehpad qui ont peu investi dans la sécurité des personnels et des résident.es face au covid, sans parler des possibilités modernes du maintien des liens pendant cette pandémie. »

Toujours sur le sujet des Ehpad, qui accueillent de plus en plus de personnes atteintes de troubles cognitifs, Philippe Poutou appelle donc à « embaucher, mieux former et mieux payer, massivement pour répondre aux besoins. La formation des personnels doit être une priorité, de même que des embauches en contrat à durée indéterminée pour le privé et sous statut de fonctionnaire pour le public, ainsi qu’une large revalorisation des salaires. Une autre mesure clef pour l’attractivité des métiers, mais aussi la qualité de l’accueil, et la stabilité des équipes, c’est le taux d’encadrement. Dans les Ehpad français il est autour de 0,7 personnel pour un résident. Ce taux doit être porté à un pour un. Et probablement plus pour les unités Alzheimer. Augmenter, fidéliser, mieux payer et former les personnels suppose donc immanquablement de retirer les Ehpad du champ du privé, pour les intégrer à un service public de la dépendance et de l’autonomie, dans le cadre d’une grande Sécu (Ehpad, accueil de jour, consultations gériatrique et mémoire, baluchonnage…) ».

Favorable au décloisonnement entre handicap et dépendance et à la neutralisation de la barrière de l’âge aujourd’hui à l’œuvre dans le système de compensation de la perte d’autonomie, Philippe Poutou estime que « ces barrières artificielles entre sanitaire, handicap et dépendance, ces barrières d’âge ne font que rendre plus difficile une prise en charge précoce et de qualité de la maladie d’Alzheimer, aggravent les inégalités sociales et pèsent lourdement sur le budget des aidants et des familles. » Le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) se dit même favorable à la reconnaissance du handicap cognitif des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée, « pour une prise en charge de qualité. » A propos des proches aidants, le montant du droit au répit de 500 euros est lui jugé « bien insuffisant face à la souffrance et aux difficultés des aidant.es. Revaloriser, étendre et aussi le rendre effectifs, cela nécessite évidemment des moyens. Quand on voit les bénéfices des Korian, Orpéa… Quand on voit l’argent qui a été dépensé souvent en pure perte pour des traitements souvent inutiles et parfois nuisibles, notre proposition de prendre sur les profits pour financer la dépendance, le handicap, l’autonomie prend tout son sens. »

Enfin, en matière de recherche, le NPA estime qu’une Agence nationale des maladies neurodégénératives et un grand plan dédié pourraient affirmer que la maladie d’Alzheimer est une priorité de santé publique. « Mais combien de plans annoncés jamais suivis d’effet et de financement ? On en revient donc à la part des richesses que notre société souhaite réellement consacrer à la santé, au handicap, à la dépendance… et pas à la santé des actionnaires. Et qui contrôle ? Car si c’est le règne du Cac 40 et des gouvernements d’austérité, celui d’Emmanuel Macron comme ceux qui l’ont précédé, ce ne seront jamais les besoins qui gouverneront. Si les Ehpad, l’accueil des personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer, et plus fondamentalement la société, sont organisés autour des besoins, la parole des familles, des aidant.es sera alors indispensable pour les définir, en contrôler l’application, et suivre les financements. »