14 janvier 2022
L’oeil sensible de Charlotte Abramow

Photographe et réalisatrice, Charlotte Abramow, 28 ans, a tourné la vidéo de sensibilisation autour de la cuisine imaginée par France Alzheimer et Le Fooding.

Elle s’appelle Pascale. De plus en plus souvent, elle oublie les noms, les mots, mais pas les saveurs. Elle a beau ne pas se souvenir de tout, elle a toujours de la gouaille, le sens de la graille, le goût de vivre, Pascale ! Ce qu’elle perd en mémoire et en attention, elle le gagne en sensations. Alors, en compagnie du chef Grégory Marchand (Frenchie) et avec la complicité du Fooding, de France Alzheimer et le soutien de la Fondation Swiss Life, Pascale s’est exprimée, a éprouvé du plaisir, pris soin d’elle et des autres…

Pour immortaliser cette rencontre, Charlotte Abramow, photographe et réalisatrice de clips de la chanteuse Angèle, tenait la caméra. « J’ai accepté ce tournage parce que c’est un sujet touchant. Au-delà de la maladie d’Alzheimer, l’accompagnement d’une personne malade, dépendante, fait écho à mon histoire personnelle. J’ai eu un papa âgé qui a eu des séquelles neurologiques dues à un coma postanoxique. Il est devenu dépendant et il a eu des symptômes similaires à la maladie d’Alzheimer. Je suis devenue aidante à 17 ans et je sais que chaque petite chose peut être une victoire. »

Charlotte a même mené un projet artistique avec son père, le projet Maurice, qui s’est transformé en livre, Maurice, tristesse et rigolade. « J’ai mené un projet photos avec mon père, sur sa maladie, ses séquelles, sa dépendance. Ça m’a permis de faire plein de choses avec lui. Ça l’a stimulé aussi. Son quotidien était monotone. Le projet, ça lui amenait un peu de poésie, ça valorisait son égo. Poser pour des photos, ça lui faisait plaisir. Mon père était une personne assez loufoque. Et quand on n’arrivait pas toujours à parler, l’appareil photo permettait d’établir la communication. »

 Lors du tournage de la vidéo avec Pascale, c’est la cuisine qui était le moyen de faire le lien. Un tournage qui a touché Charlotte Abramow. « J’ai ressenti de la joie en voyant Pascale qui riait beaucoup et qui était dans l’autodérision. J’ai aussi ressenti de la peine et de l’empathie parce que je l’ai vue craquer. Je sentais sa frustration de se sentir dépossédée de ses capacités. »

La vidéo met justement l’accent sur le bonheur du moment présent malgré la tristesse, sur les capacités préservées et moins sur les pertes. « J’ai toujours eu cette crainte avec mon père qu’ il aille moins bien, que ça dégénère. Avec ce type de maladie, comme Alzheimer, c’est comme une course contre-la-montre, face à laquelle il faut vivre à fond le moment présent. »