25 novembre 2021
La mémoire à long terme et la mémoire à court terme

La mémoire occupe une place centrale dans nos vies, dans la construction de notre identité, dans nos comportements, dans la façon dont nous nous exprimons et nous imaginons. Elle peut être divisée en deux grands systèmes : la mémoire à court terme et la mémoire à long terme, qui regroupent 5 types de mémoire différents.

En effet, différents systèmes de mémoire sont mis en œuvre selon s’il est question de mémoriser un numéro de téléphone que l’on vient d’entendre et que l’on doit composer, les paroles d’une chanson que l’on aime, la façon dont il faut tendre et fléchir les jambes quand on fait du vélo, ou le gâteau que l’on a mangé à l’anniversaire d’un proche. Toutes ces informations sont enregistrées en mémoire sous la forme de connexions (synapses) entre les neurones et groupes de neurones, qui se renforcent quand elles sont sollicitées, d’où l’adage “la mémoire est un muscle”.

Connaître ces systèmes de mémoire, c’est mieux comprendre comment nous retenons et utilisons les informations que nous percevons, mais aussi mieux comprendre comment ils peuvent faire défaut aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer ou d’un déficit cognitif.

La mémoire à long terme : définition

La mémoire à long terme (MLT), comme son nom l’indique, a pour fonction de stocker les informations pour une durée illimitée. Sa capacité de stockage est immense, si bien que ses limites n’ont à ce jour pas été déterminées. La mémoire à long terme est divisée en 2 types de mémoire, la mémoire explicite, dite déclarative, et la mémoire implicite, dite non déclarative. Voici ce que ces deux sous-catégories contiennent.

 

La mémoire explicite

On parle de mémoire à long terme explicite, ou déclarative, lorsqu’on se rappelle consciemment des informations enregistrées et qu’elles peuvent être exprimées par le langage. La mémoire explicite regroupe la mémoire sémantique et la mémoire épisodique.

La mémoire sémantique : La mémoire sémantique est la mémoire des savoirs théoriques. Elle sert à stocker les connaissances générales relatives au monde et à soi-même, comme par exemple le fait que Londres soit la capitale du Royaume-Uni, le prénom d’une célébrité, l’utilité d’une éponge, etc. Toutes ces données sont enregistrées dans un vaste réseau de nœuds sémantiques, étendus entre plusieurs régions cérébrales et plus ou moins éloignés les uns des autres, ce qui explique que certaines d’entre elles soient plus difficiles que d’autres à récupérer.

La mémoire épisodique : La mémoire épisodique est la mémoire des événements vécus, des souvenirs. C’est elle qui va nous permettre de nous remémorer notre dernière rentrée des classes, le mariage de notre ami, ou tout autre type d’événement, ainsi que de son contexte (où et quand) et des émotions que l’on a ressenti. C’est aussi la mémoire qui est sollicitée lorsqu’on se projette dans le futur pour imaginer ce qui pourra s’y passer.

 

La mémoire implicite

Par opposition, la mémoire implicite, ou non déclarative, concerne les informations qui sont stockées dans l’inconscient et qui ne nécessitent pas d’effort mental pour être mises en pratique. La mémoire implicite comporte un type de mémoire : la mémoire procédurale, et plusieurs mécanismes de mémorisation que sont l’amorçage, les réflexes conditionnés et les conditionnements émotionnels

La mémoire procédurale : Si on considère que la mémoire sémantique est la mémoire des savoirs, la mémoire procédurale est la mémoire des savoir-faire. Elle sert à enregistrer puis mettre à disposition les automatismes et compétences motrices, comme faire du vélo, faire ses lacets, se coiffer, se moucher, etc.  La mémoire procédurale a la particularité de n’être que très peu altérée par le temps, les savoir-faire peuvent être utilisés très longtemps après avoir été acquis.

Les conditionnements émotionnels et les réflexes conditionnés : Les conditionnements émotionnels, parfois appelés « mémoire émotive » est la mémoire responsable du couplage d’un souvenir avec une émotion, issu de l’étroite communication entre l’hippocampe, clé de la mémorisation, et de l’amygdale, structure impliquée dans la réponse émotionnelle. Les réflexes conditionnés, eux, sont responsables d’une mémorisation réflexe telle que mis en évidence par Pavlov en 1903. Il s’agit d’une mémoire réflexe progressivement mise en place à la suite d’un conditionnement, d’une répétition d’un évènement sur une période plus ou moins longue.

L’amorçage : Ce processus de mémorisation, ou de restitution d’une information est directement lié à nos expériences. Il est souvent associé avec une répétition d’un stimulus ou avec un évènement à forte valeur émotionnelle. Il va servir, par exemple, à retrouver le nom d’une personne à partir des premières lettres de son prénom, le titre d’une musique avec les premières notes, ou encore un slogan publicitaire avec les premiers mots. C’est également grâce à cet effet d’amorçage que vous serez capable de reconnaître un objet avec seulement quelques coups de crayons. Le phénomène d’amorçage est omniprésent dans notre société et est souvent réquisitionné à des fins récréatives.

 

La mémoire à court terme : définition

La mémoire à court terme (MCT), ou mémoire de travail sert à stocker des informations pendant une brève durée, d’à peine une seconde à quelques minutes après leur entrée dans le cerveau. Elle n’est pas complètement isolée du système de mémoire précédent, puisqu’elle peut aussi constituer la première étape d’une mémorisation à long terme, dans le cadre du processus d’apprentissage par cœur par exemple.

Un être humain sans pathologie de la mémoire est capable, en moyenne, de mémoriser et de restituer 7 éléments différents (chiffres, lettres, mots…) immédiatement après les avoir entendus.

La mémoire de travail désigne notre capacité à conserver des informations en mémoire et à les manipuler en vue d’effectuer une tâche. C’est la mémoire de travail qui est sollicitée lorsque l’on écoute un cours tout en prenant des notes, lorsqu’un serveur prend une commande, lorsque l’on continue la phrase que nous avions commencée après avoir été interrompu.

 

Quel est l’impact de la maladie d’Alzheimer sur les différentes mémoires ?

Si la mémoire implicite (mémoire procédurale, des savoir-faire) des patients atteints de la maladie d’Alzheimer peut rester intacte pendant très longtemps, c’est leur mémoire explicite qui est touchée.

Sur la mémoire sémantique

Chez les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, la mémoire sémantique se dégrade progressivement. Cela peut se traduire par une difficulté croissante à trouver ses mots, à nommer des personnes, des objets, des lieux…

 

Sur la mémoire de travail

La maladie d’Alzheimer entraîne aussi des troubles de la mémoire de travail. Les lésions du cortex cérébral causées par la maladie rendent souvent difficile, voire impossible, le maintien en mémoire et la restitution d’informations. Des 7 éléments que peut retenir un patient sain, on passe à 1 ou 2, voire 0, dans le cas du patient Alzheimer.

 

Sur la mémoire épisodique

L’impact de la maladie d’Alzheimer sur la mémoire épisodique est complexe. La personne peut éprouver des difficultés à se repérer dans le temps et dans l’espace, et ses souvenirs peuvent être en désordre. Cependant, les émotions associées à ses souvenirs sont toujours présentes, bien que le chemin par lequel la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer parvient à les ressentir est différent de celui d’une personne non malade. Ces émotions constituent un outil thérapeutique essentiel pour lutter contre la dépression des malades Alzheimer, puisqu’elles permettent à la personne de se sentir vivante, de se raccrocher à son humanité.

 

Sur la mémoire sensorielle

La mémoire sensorielle, ou mémoire perceptive, comprend notamment la mémoire visuelle, la mémoire auditive et la mémoire olfactive. Elle ne constitue pas un système de mémoire au même titre que les autres, mais intervient dans chacune des autres mémoires. De l’ordre de la milliseconde voir seconde, c’est une mémoire très courte et très efficace qui va permettre d’adresser la pertinence d’une information à l’hippocampe où elle sera traitée par la mémoire à court terme.

Il se trouve que cette mémoire sensorielle est l’une de celles qui résistent le mieux à la maladie d’Alzheimer. Un patient peut, par exemple, ne plus se souvenir comment s’appelle le pain d’épices, mais se rappeler de son goût comme au premier jour. Elle peut se rappeler de la sensation du coton au toucher, du son que fait une porte qui claque, etc. Cette forme de mémoire peut être sollicitée dans le cadre d’ateliers de stimulation sensorielle, souvent préconisés aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.