2 décembre 2020
L’engagement des partenaires en temps de crise

Durant la crise sanitaire et les deux confinements consécutifs, de nombreux partenaires nous ont témoigné leur solidarité et ont répondu présents auprès de l’Association. Nous les en remercions grandement.

Nous avons souhaité donner la parole à Mme Agathe Gestin, Responsable Fonds Individualisés et Programmes Solidarités Nationales au sein de la Fondation de France, pour qu’elle nous explique les raisons de cet engagement plus que jamais essentiel pour les familles que nous accompagnons au quotidien.

Pourquoi et comment la Fondation de France, s’est mobilisée durant cette crise sanitaire ?

Face à la crise sanitaire et sociale inédite en France et dans le monde, la Fondation de France, l’AP-HP et l’Institut Pasteur ont décidé, en mars dernier, d’unir leurs forces au sein de l’alliance « Tous unis contre le virus », pour aider les soignants, la recherche et les personnes vulnérables.

Quelques mois plus tard, près de 32,5 millions d’euros ont été collectés. 25,6 millions d’euros​ ont déjà été engagés pour soutenir 740 projets sur l’ensemble du territoire. Forte de son expérience dans l’identification et l’accompagnement d’initiatives les plus pertinentes pour répondre aux besoins peu ou mal couverts, la Fondation de France s’est appuyée sur ses comités d’experts bénévoles pour répondre dans l’urgence aux besoins dans trois principaux domaines : le soutien aux aidants, aux établissements de soins et aux soignants ; l’aide aux personnes vulnérables ; le soutien à la recherche médicale et en sciences humaines et sociales.

Pour les aidants confrontés à des situations de vie compliquées en raison du confinement, la Fondation de France a soutenu des initiatives, comme « Autistes sans frontières » qui propose des temps d’échanges et de guidance parentales par visioconférence ; ou « Handéo » qui met à disposition un kit de sensibilisation à l’appropriation des bons gestes pour les aides à domicile, les aidants de personnes en situation de handicap, âgées et dépendantes ; ou encore le soutien téléphonique organisé par « France Alzheimer et maladies apparentées » qui a permis à une centaine de psychologues de répondre aux besoins des familles dans 76 départements, avec 3 001 heures de soutien et 2 244 personnes accompagnées entre mars et juin 2020.

Des dispositifs d’appui psychologique aux équipes soignantes, confrontées à des problématiques éthiques et à des situations de stress aigu ont aussi été mis en place, à distance ou en présentiel.

Pour les personnes souffrant d’isolement, en particulier les plus âgées qui ont été confinées très rapidement et longuement, la Fondation de France a financé l’achat d’outils de communication à distance (téléphones, clés 4G, tablettes) et la formation des utilisateurs, de matériel d’animation et des renforts humains pour l’animation de la vie sociale dans les établissements d’hébergement ou à domicile.

Enfin la lutte contre l’épidémie Covid-19 est avant tout un immense défi scientifique et les dons ont servi également à financer des projets de recherche menés dans différents domaines (étude pour limiter l’expansion de la Covid ; élaboration de tests permettant de détecter des anticorps contre le virus dans la population ; développement de vaccins etc…)

Pourquoi avoir soutenu l’action menée par France Alzheimer ?

Dans les situations d’urgence, les associations historiquement implantées comme France Alzheimer disposent d’un réseau départemental, de l’expérience, du savoir-faire et des ressources humaines (bénévoles et salariées) permettant la réactivité nécessaire.

Elles allient actions de proximité, connaissances des besoins à l’échelle locale et capacités de coordination nationale afin de répartir les moyens disponibles et de mesurer le besoin de renfort.

Elles constituent également des observatoires pour croiser les données qui remontent du terrain et repérer les besoins prioritaires dès les prémisses de la crise et tout au long de son évolution. L’action « soutien psychologique » menée par France Alzheimer répond aux besoins d’une population qui n’a pas été aussi visible et soutenue que les personnes hébergées en établissement. Elle prolonge une action existante et constitue une réponse durable à des difficultés qui vont s’amplifier tant que la crise sanitaire ne sera pas terminée, qui perdureront après cette crise et pourraient de nouveau s’accentuer lors d’une prochaine crise.

Nous avons besoin d’expérimenter les formes de soutien à distance qui évitent les ruptures d’accompagnement, l’isolement total et peuvent limiter les risques de dépression, de glissement et d’accélération de la perte d’autonomie. Les enseignements de ces expérimentions sont précieux pour nous aider à sortir de la crise plus forts et mieux armés pour affronter de futures situations similaires.

Quels enseignements et perspectives retenez-vous de cette période ?

Ces derniers mois ont amplifié et mis en lumière des difficultés préexistantes : manque d’investissement dans le système de santé ; manque de coordination entre le sanitaire, le médico-social et le social ; grande vulnérabilité de certaines populations que le confinement a fait basculer dans la précarité ou la pauvreté ; faiblesses de notre système scolaire et éducatif ; insuffisance des aides à la parentalité ; nécessité de lutter activement contre les violences intrafamiliales…

Si l’on s’en tient à la question du vieillissement, la crise sanitaire a mis en exergue la place singulière qu’occupent les personnes âgées dans la société. Elles ont été et sont toujours particulièrement touchées par la Covid-19 et par les conséquences sociales qu’ont entraîné les mesures de confinement. Le nombre très élevé de décès de personnes âgées liés directement à cette épidémie ou indirectement – du fait de la privation des liens avec les proches, de l’ennui, du sentiment d’inutilité – ­ soulève de multiples questions et enjeux auxquels les réponses ne peuvent être trouvées sans débat citoyen entre toutes les parties prenantes.

Comment concilier sécurité sanitaire et inclusion dans la société ? Quelles sont les évolutions souhaitables de l’accompagnement des ainés, en établissements, mais également au domicile ?

Comment concilier le constat d’un besoin de renforcement de la capacité sanitaire des établissements, d’une part, et celui de leur animation et vocation de lieu de vie, d’autre part ?

La stratégie publique de prise en soin du grand âge va connaitre des inflexions importantes dans les prochaines années : Revalorisation des métiers, approche domiciliaire, décloisonnement des prises en charge et logique de parcours, financements, création d’une 5ème branche de la protection sociale.

Face à ces enjeux, le programme Personnes âgées de la Fondation de France soutiendra dans les prochaines années des recherches et des initiatives innovantes dans quatre domaines prioritaires :

  • Le soutien aux professionnels afin de renforcer ou recréer la cohésion d’équipes et les coopérations
  • L’aide aux aidants en se centrant sur le développement et la diversification de formules de répit accessibles sur tout le territoire
  • Les nouvelles formes d’établissements pour personnes âgées en perte d’autonomie et les alternatives à l’établissement
  • L’accompagnement des personnes âgées en fin de vie et des personnes endeuillées

Nous remercions vivement la Fondation de France pour son écoute et son soutien financier apporté à notre dispositif d’écoutes psychologiques dans cette période critique où garder le lien avec les familles était et reste plus que jamais essentiel.

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