1 juin 2018
La feuille de route “grand âge” d’Agnès Buzyn.

Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a présenté, mercredi 30 mai, la feuille de route du gouvernement sur le sujet des personnes âgées et du vieillissement, lors des premières rencontres nationales Départements – CNSA.

Consciente que notre pays n’a pas encore su trouver  un vrai modèle de prise en charge de la perte d’autonomie , la ministre a tenu à  rappeler que c’est bien  le rôle des pouvoirs publics « de préparer l’avenir, d’impulser le changement et de donner un cadre » afin d’anticiper le vieillissement de la population. Saluant l’engagement des professionnels concernés par la prise en charge des personnes âgées, à domicile et en établissement, Agnès Buzyn a souligné que « la vieillesse n’était pas un naufrage » et qu’il nous fallait, pour construire un modèle durable « partir des besoins des personnes âgées et de leur famille ». Se concentrant sur la situation actuelle des EHPAD, la ministre a introduit sa feuille de route en précisant avoir demandé à la Directrice de la HAS  des enquêtes de satisfaction au sein de ces établissements  afin d’orienter les actions prioritaires à déployer à partir de 2019. Cette annonce, davantage perçue comme une volonté du gouvernement de gagner du temps, a été suivi d’une présentation « des mesures concrètes de court terme » :

 

  • La mise en place d’un plan de prévention en EHPAD, financé et piloté par les ARS à hauteur de 15 millions d’euros en 2018 et 30 millions d’euros en 2019,
  • le fléchage de 360 millions d’euros supplémentaire répartis sur 3 ans avec  un accroissement des dotations de soin en EHPAD, notamment pour le recrutement de personnel. Cela représenterait 147 millions de plus d’ici 2021 que ce qui était prévu dans le plan initial de médicalisation des EHPAD sur 5 ans.
  • Deux années de « pause tarifaire » afin d’améliorer le modèle de tarification actuel et d’éviter toute baisse de dotations en soins et en moyens relatifs à la dépendance,
  • L’ouverture d’une concertation large visant à étendre le rôle de prescription du médecin coordonnateur.
  • L’accélération du passage des établissements au tarif global afin d’améliorer l’organisation des soins,
  • La remise à plat des règles et des pratiques concernant l’habilitation à l’aide sociale, en lien avec les Départements,
  • Le développement de la télémédecine, des pratiques infirmières avancées et des soins palliatifs au sein des EHPAD,
  • La généralisation de la présence d’infirmières de nuit d’ici 2020,
  • La création, d’ici 2019, de 1000 places d’hébergement temporaire, financées par l’Assurance maladie pour permettre des sorties d’hospitalisation sans reste à charge trop élevé.

La ministre a ensuite annoncé le lancement, dans les prochaines semaines,  d’un débat public et citoyen sur le modèle et le financement de la perte d’autonomie  à horizon 2025-2030. Si nous saluons la prise de conscience du gouvernement, ces mesures immédiates paraissent toutefois davantage être proposées pour apaiser les tensions actuelles et gagner du temps.

L‘ouverture d’un grand débat citoyen concernant la prise en charge de la perte d’autonomie est en effet surprenante car les  priorités d’action, pour la refonte complète et durable du système de prise en charge de la dépendance, sont déjà bien connues de tous les acteurs concernés et depuis de nombreuses années. L’urgence se trouve plutôt dans la capacité du gouvernement à assumer sa responsabilité, à reconnaître l’ampleur de ces priorités et à dégager les financements nécessaires.

Consultez la lettre de l’association adressée au Président de la République