24 octobre 2019
France Alzheimer salue la création d’un plan pour les aidants mais reste vigilante

L’association France Alzheimer et maladies apparentées a assisté à la présentation du gouvernement de la stratégie de mobilisation et de soutien aux aidants. Elle retient des avancées, et rappelle ses points de vigilance.

La France compte entre 8 et 11 millions d’aidants et ce nombre ne fait que croître, eu égard au vieillissement de la population.

La ministre de la santé et des solidarités, Agnès Buzyn, et la secrétaire d’état chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, ont présenté ce mercredi un plan pour les aidants. Un plan expérimental de 2 ans et axé autour de 6 priorités, pour une enveloppe de 400 millions d’euros. Le Premier ministre Edouard Philippe était également présent lors de la présentation de la stratégie de mobilisation et de soutien pour les aidants à Chamarande, dans l’Essonne.

L’association France Alzheimer et maladies apparentées a assisté à la présentation de ce plan pour les aidants 2020-2022. Elle a même pu s’exprimer grâce à Martine Bou, de l’association départementale de l’Essonne, qui a expliqué quel était son quotidien d’aidante, et quel était son impact. Le gouvernement veut ainsi rompre l’isolement des proches aidants et les soutenir au quotidien dans leur rôle, leur ouvrir de nouveaux droits sociaux et faciliter leurs démarches administratives, leur permettre de concilier vie personnelle et vie professionnelle, accroître et diversifier les solutions de répit, agir pour leur santé, et épauler les plus jeunes d’entre eux.

Ces six priorités sont traduites en 17 mesures. L’association France Alzheimer et maladies apparentées souligne des avancées comme le doublement d’ici à 2022 de la capacité d’accueil des aidants dans les plateformes de répit et les accueils de jour, l’identification du rôle de proche aidant dans le dossier médical partagé dès 2020, la mise en place d’un numéro téléphonique national, la sensibilisation du personnel de l’Education nationale à la problématique des jeunes aidants…

Autre point positif : l’indemnisation du congé de proche aidant de 3 mois maximum, fractionnable en demi-journées, pour les salariés, les travailleurs indépendants, les fonctionnaires et les chômeurs indemnisés. Le montant de l’allocation sera fixé à 43€ par jour pour les personnes vivant en couple et 52€ par jour pour une personne seule.

« Il faut se féliciter de la création de ce plan pour les aidants et nous nous réjouissons de certaines avancées », souligne Benoît Durand, directeur délégué de l’association France Alzheimer et maladies apparentées. « Nous resterons cependant vigilants concernant plusieurs points et notamment l’indemnisation du congé de proche aidant. Ce dispositif doit profiter à tous les aidants, y compris à ceux qui accompagnent les personnes en début de maladie. Or, nous nous posons des questions sur les conditions d’accès à l’indemnisation du congé et sur les critères d’évaluation de ces conditions, sachant notamment qu’il existe déjà des inégalités territoriales concernant les conditions d’accès à l’APA, l’allocation personnalisée d’autonomie, et la grille AGGIR. Des inégalités que nous dénonçons déjà aujourd’hui. »

Benoît Durand évoque également la durée de l’indemnisation du congé de proche aidant. « Trois mois… Disons que c’est une première étape. Il faudra sans doute l’allonger pour les aidants des personnes touchées par la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée. Et puis, nous nous posons une autre question. Ce dispositif est-il ouvert à un seul aidant ou à tous les aidants de la personne malade ? A tous les membres d’une fratrie par exemple ? »

L’association dénonce également depuis de nombreuses années le reste à charge trop élevé des familles, qui se retrouvent parfois dans des situations dramatiques. Elle plaide enfin pour un dispositif de suppléance de l’aidant à domicile qui se rapproche le plus possible du concept de baluchonnage tel que pratiqué au Québec.

Le plan pour les aidants proposé par le gouvernement doit être débattu ce vendredi au Parlement. Expérimental et étalé sur 2 ans, il laisse l’opportunité aux acteurs de terrain de le renforcer.