22 octobre 2018
Expérimentations du « baluchonnage » : où en est-on ?

Le 10 août dernier, la loi pour un Etat au service d’une société de confiance (loi ASV) a finalement été promulguée. Un projet de loi qui contenait notamment un article sur l’expérimentation du relayage.

Le fameux « article 29 » de la loi ASV prévoit à titre expérimental un cadre dérogatoire au droit du travail pour permettre la mise en place de prestations de relayage des proches aidants se rapprochant davantage du « baluchonnage », modèle québécois de référence.

Inspirées de ce modèle, des expérimentations innovantes de « relayage » fonctionnent déjà depuis plus de 10 ans en France, grâce à certaines dérogations spécifiques. C’est le cas du service « Parenthèse à domicile » qui, depuis 2007, propose un service de relais à domicile, entre 3 et 7 jours consécutifs. Mais jusqu’ici, ce système impliquait l’intervention de plusieurs professionnels au cours de la même prestation.

Une forme de « maltraitance » de la personne malade prise en charge, dénoncée par de nombreux relayeurs, qui n’ont pas le temps d’établir de relation de confiance. Ce qui nuit à la qualité de l’accompagnement dans son ensemble, à l’inverse du « baluchonnage » québécois, qui défend l’intervention d’une seule et même personne sur toute la durée de la prestation.

De nombreuses questions restent en suspens

S’il était temps que les autorités se saisissent des opportunités de développement de ce dispositif innovant de répit, on peut néanmoins regretter que les prestations de relayage déjà existantes n’aient pas fait l’objet d’une évaluation plus précoce. Une inertie difficilement compréhensible quand on sait que le baluchonnage répond à un réel besoin de temps, essentiel à près de 10 millions d’aidants qui ne peuvent plus soutenir seuls la personne malade, sans consentir de lourds sacrifices.

Et si l’on peut saluer l’intention du législateur d’agir sur les freins actuels au développement des prestations de relayage dans un cadre sécurisé pour l’ensemble des protagonistes, de nombreuses questions restent en suspens d’ici la publication des premiers décrets d’application.

En effet, ce dispositif a un coût certain et rien n’est pour l’instant précisé quant au financement de ces futures expérimentations et à son impact sur le reste à charge des familles. Rien non plus concernant la formation des futurs relayeurs aux spécificités de l’accompagnement de personnes atteintes de maladies neurodégénératives.

L’Union France Alzheimer a intégré le bureau de « Baluchon France » (précédemment Réseau Euro Québec / dont l’objectif est d’accompagner et former les futurs porteurs de projets dès la parution des premiers décrets d’application) à la fin du mois d’août et suivra les évolutions en cours concernant le développement de dispositifs de relayage et l’évaluation des expérimentations prévues par l’article 53.