« Employeurs, salariés, tout le monde a à y gagner »

Quel constat vous a conduit à mettre en place le Prix Entreprise et Salariés Aidants ?
Edouard de Hennezel : « Celui d’un nombre croissant d’aidants actifs du fait du vieillissement de la population et du développement des pathologies chroniques. Demain, 1 actif sur 5 sera aidant et accompagnera une personne en perte d’autonomie. Il faut une prise de conscience collective pour mettre en place des initiatives afin d’aider les aidants actifs. »

L’objectif final est donc de soutenir les aidants actifs ?
E. de H. : « Avec nos partenaires, notre objectif est de sensibiliser les décideurs, employeurs privés et publics, dans le cadre de leur responsabilité sociale, non seulement à l’importance du sujet, mais aussi à la pertinence et à l’intérêt qu’il y a à prendre en compte la situation de leurs collaborateurs aidants, puisque cela a une incidence directe sur la performance économique de l’entreprise. Loin de représenter une charge pour l’employeur, les aidants sont une source de progrès pour l’entreprise. Accompagner les salariés aidants aura des effets non négligeables en matière d’engagement, de fidélité, de productivité et de performance. Employeurs et aidants actifs : tout le monde a à y gagner. »

Le chemin est encore long mais…

Avec le Prix Entreprise et Salariés Aidants, avez-vous le sentiment d’avoir atteint votre objectif ?
E. de H. : « Beaucoup reste à faire, mais cette initiative lancée en 2016 a participé à sensibiliser les décideurs. Il y a des initiatives inspirantes de la part de structures privées. Les partenaires sociaux se saisissent aussi de la question. Quant au législateur, il prend petit à petit la mesure de l’enjeu. Le congé de proche aidant ou la possibilité de dons de jours de RTT le démontrent. Une chose est sûre : si le chemin est encore long, les futures avancées se feront aussi dans le cadre de la négociation collective au niveau de l’entreprise ou des branches. »

Des initiatives primées ont-elles retenu tout particulièrement votre attention ?
E. de H. : « Celle du groupe Novartis qui a fait de la question des aidants un élément pilier de sa politique RH et celle portée par la Maison de santé Bordeaux Bagatelle qui propose aux aidants à domicile une aide humaine en la personne d’un technicien coordinateur de l’aide psychosociale à l’aidant. Ce professionnel de l’accompagnement va créer du liant entre les acteurs du parcours du soin pour prévenir les situations d’épuisement, orienter les aidants etc. Cette aide humaine, je la préfère à toute application technologique pour l’aidant. »

Faut-il une politique nationale en faveur des aidants actifs ?
E. de H. : « L’Etat ne peut pas se substituer à l’action des entreprises et des partenaires sociaux tant il existe une diversité de situations et de structures… S’il est important de faire connaître la multitude d’expériences menées sur le territoire, il est évident qu’une incitation fiscale dédiée à la prise en compte des salariés aidants accélérerait significativement les choses. »

Un statut de l’aidant participerait-il à sa reconnaissance et à une meilleure prise en compte de ses besoins ?
E. de H. : « Je n’y suis pas très favorable car le statut est enfermant et réducteur. Le rôle de la mère (ou du père) de famille est reconnu et elle (il) n’a pas pour autant un statut ! La mère d’un enfant handicapé est-elle d’abord une mère de famille ou une aidante ? De plus, ce n’est pas la même chose d’être aidant de son conjoint à 75 ans que d’être aidant à 14 ans en étant scolarisé, ou encore de soutenir ponctuellement un parent âgé quand on a 40 ans. L’Etat doit avant tout agir pour répondre aux besoins des aidants les plus fragiles, par exemple en facilitant leur repérage et en améliorant le droit et l’accès au répit. »

*Président d’Alteus conseil et fondateur du Cercle Vulnérabilités et société.

AIDANTS EN ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE : LE CASSE-TÊTE DE LEUR DOUBLE VIE !

Invités d’Alzheimer la radio le 14 septembre dernier, le député Pierre Dharréville et Catherine Lainé, aidante en activité professionnelle, répondent aux questions de nos auditeurs.

Pour écouter le podcast, c’est ici : https://radiofrancealzheimer.org/broadcast/4531-Aidants-en-activité-professionnelle-le-casse-tête-de-leur-double-vie