22 novembre 2021
On a tous besoin d’une oreille attentive

Il ne faut pas sous-estimer l’intérêt qu’une oreille attentive peut avoir pour votre santé. Cela a été mis en évidence par une équipe de recherche du département de neurologie de l’École de médecine de l’Université Grossman de New York. Dans cette étude, ils ont montré que le soutien de l’entourage social est associé à une meilleure résilience cognitive, c’est-à-dire, la capacité que notre cerveau a de garder ses capacités cognitives en bon état, malgré le vieillissement et/ou les maladies type maladie d’Alzheimer. Plus précisément, la présence d’une oreille attentive, et sa disponibilité, serait le principal facteur de cet effet bénéfique.

L’équipe de recherche s’est basée sur l’une des cohortes les plus anciennes des Etats-Unis dans le domaine des neurosciences : la cohorte Framingham Heart Study (FHS). À l’aide des 2171 participants de cette étude, les chercheurs ont évalué la disponibilité de plusieurs interactions sociales que sont : l’écoute attentive, les conseils, les signes d’affection, le support émotionnel et le contact avec des personnes que l’on apprécie. Pour interroger ces différents points, ils ont utilisé l’indice d’entourage social (SNI), un auto-questionnaire qui demande au volontaire de donner des valeurs qui décrivent au mieux l’état des interactions sociales précédemment citées. Ces résultats ont ensuite été comparés à l’indice de résilience attribué à chaque volontaire, mesuré par un algorithme se basant sur le volume total du cerveau en fonction de la performance des tâches cognitives globales. C’est-à-dire qu’en utilisant une imagerie médicale, comme un IRM, et des tests neuropsychologiques, les chercheurs ont associé le volume cérébral des volontaires à leurs performances cognitives qui, une fois comparées à l’indice d’entourage social, leur permet d’évaluer l’impact des interactions sociales sur les capacités cognitives.

Ainsi, ils ont observé une corrélation positive entre la disponibilité de l’écoute attentive et le volume cérébral impliqué dans la cognition. Cela signifie que plus les volontaires avaient accès à une écoute attentive, plus les performances cognitives, et le volume cérébral associé, étaient importants, se traduisant par une augmentation de la résilience du cerveau. De plus, ils ont mis en évidence que les volontaires les plus jeunes (moins de 65 ans), étaient davantage concernés par ce phénomène. Cependant, les chercheurs n’ont pas trouvé d’effet similaire avec les autres types d’interactions sociales.

Malgré quelques biais inhérents à la population étudiée, cette étude souligne une fois encore l’importance des interactions sociales dans la lutte contre les maladies neurodégénératives, notamment la maladie d’Alzheimer, en réduisant la vulnérabilité du cerveau aux atteintes pathologiques, mais aussi aux effets de la vieillesse. De plus, les individus les plus jeunes semblent plus réceptifs aux effets bénéfiques des interactions sociales, soulignant l’importance d’une prise de conscience précoce des dispositions à prendre pour offrir à son cerveau ce dont il a besoin pour bien vieillir. Même s’il reste encore beaucoup de choses à comprendre sur le fonctionnement biologique derrière ce phénomène, cette étude montre qu’il est important de prendre soin de nous, et de notre entourage, pour la santé de tous.

Référence :

Joel Salinas et al. Association of Social Support With Brain Volume and Cognition. JAMA Netw Open, 2021 DOI: 10.1001/jamanetworkopen.2021.21122