17 mai 2021
Covid : imaginer ensemble des solutions

En Nouvelle Aquitaine, France Alzheimer et ses partenaires ont initié une cellule d’écoute et de dialogue éthique pour désamorcer les conflits entre les familles et les professionnels en Ehpad.

Des tensions sont apparues depuis le début de la crise sanitaire dans les Ehpad concernant la conduite à tenir à l’égard des résidents vivant avec une maladie neuro-évolutive. Les directions d’Ehpad peuvent se retrouver seules face à leurs responsabilités et les familles éprouvent incompréhension et sentiment d’abandon de leurs proches. C’est pourquoi l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a proposé de créer, début novembre, une cellule d’écoute et de dialogue éthique. Elle est coanimée par l’Espace de réflexion éthique de Nouvelle-Aquitaine (ERENA) et par l’association France Alzheimer.

Quelles problématiques éthiques ?

« Nous avons reçu des appels de familles indignées parce qu’elles avaient l’impression d’être surveillées par des membres du personnel d’Ehpad, qui vérifiaient que les gestes barrière étaient bien respectés. » explique Geneviève Demoures, présidente de France Alzheimer Dordogne. L’association est parvenue à débloquer des situations grâce au dialogue. « Une fille voulait toucher les mains de sa maman… Nous nous sommes tous retrouvés dans une salle : la maman, la fille, la direction de l’Ehpad, des membres du personnel, moi-même » , se souvient-elle.

 « La maman était arrivée avec le regard vide. Elle et sa fille se sont lavé les mains avec du gel hydroalcoolique, la fille a mis ses mains sur celles de sa maman, et le visage de la vieille dame s’est éclairé. »

« Une sécurité sanitaire plus efficace, avec plus de compréhension mutuelle »

France Alzheimer, l’ERENA et l’ARS Nouvelle- Aquitaine ont dès lors décidé d’unir leurs forces pour que le dialogue soit renoué dans des établissements. « Nous avons déjà reçu une quarantaine de saisines. Les témoignages que nous recevons indiquent que cette cellule était un besoin. Des situations se sont détendues, des solutions ont pu être trouvées », souligne Roger Gil, neuropsychiatre et directeur de l’ERENA. « …Quand une direction d’Ehpad écoute la tristesse et l’incompréhension de la famille, les lignes bougent. Quand une famille écoute la direction de l’Ehpad, elle comprend leurs légitimes préoccupations sécuritaires. Il faut essayer de tenir compte du point de vue de l’autre. »

« Les retours sont très bons… Nous envisageons même d’élargir cette cellule au secteur du handicap. » se réjouit Sophie Lafon, chef de projet ARS Nouvelle-Aquitaine.