14 février 2022
Coup de cœur pour le film “Une vie démente”

Le film Une vie démente raconte comment un fils et sa compagne, souhaitant avoir un enfant, vont composer avecla survenue de la démence sémantique chez une mère.

Dans les salles obscures françaises depuis la mi-novembre, Une vie démente est un film lumineux. Le téléspectateur suit un couple, Alex (Jean Le Peltier) et Noémie (Lucie Debay), désireux d’avoir un enfant. Leurs plans sont toutefois chamboulés quand la mère d’Alex, Suzanne (Jo Deseure), adopte un comportement de plus en plus farfelu.

Le film montre ainsi les difficultés d’un fils à faire face à la maladie de sa maman. Il montre comment il est tiraillé entre la volonté de retenir sa mère dans son identité passée, celle qu’il a toujours connue, et cette mère gagnée peu à peu par une maladie dont le nom est tu, mais il s’agit d’une démence sémantique, une des formes des dégénérescences fronto-temporales (DFT), apparentées à la maladie d’Alzheimer. Aidé par sa compagne et par Kevin (Gilles Remiche), une aide à domicile expérimentée, Alex finit par accepter la maladie de sa maman et ce qu’elle provoque, jusqu’à trouver un équilibre pour le bien de tout le monde.

Ce film parle d’incompréhension et d’impuissance, du sentiment de culpabilité et de la peur du regard des autres. Il parle aussi, et surtout, de tendresse et d’amour. Notamment de l’amour d’un fils pour sa mère.

Ce film, résolument bienveillant, pose des questions existentielles: faut-il s’oublier pour se consacrer à son proche malade, en perte d’autonomie? La joie comme les projets sont-ils toujours possibles ? Comment accompagner sans s’abîmer ? Le film s’intéresse moins à la lutte qu’à l’acceptation, au lâcher-prise que cela demande aux aidants pour s’adapter : ruser pour faire entrer un aide-soignant chez Suzanne en le faisant passer pour un prof d’anglais de passage, se prendre à son jeu quand elle décide d’organiser une exposition dans son jardin…

Derrière cette fiction belge basée sur leur expérience personnelle, se trouve un duo de réalisateurs, formé par Ann Sirot et Raphaël Balboni, qui s’empare donc de notre sujet

avec une élégante légèreté qui n’occulte rien des difficultés auxquelles sont confrontés les proches aidants. « Le film n’est pas autobiographique mais c’est clairement inspiré de notre vécu. Quand on est aidant, il y a de la douleur, de la détresse, mais pas seulement », souligne Ann Sirot.

« Nous nous sommes appropriés ce que nous avons vécu pour en faire une histoire, avec un ton décalé et burlesque », enchaîne Raphaël Balboni. « Nous voulions aborder ce sujet aussi avec humour. Ce que nous avons traversé a été intense. Mais d’une intensité à différents niveaux, avec desmoments de grande détresse et des moments de rire. C’est un film où les gens rient beaucoup, et où ils pleurent aussi. Un film où le spectateur passe par différents sentiments, ce qui correspond avec ce que nous avons pu vivre, nous aussi. »

 La réception du film est excellente, tant du côté des critiques de cinéma que que de celui du public. « Ce qui nous rend très heureux, c’est de recevoir des prix du public », glisse Ann Sirot.

« Sur une thématique dure et complexe, nous avons réussi à remporter l’ intérêt du public, à transmettre notre regard sur cette situation difficile, et basée sur notre expérience. On vit presque tous ce moment dans nos vies où le parent devient une personne dont on s’occupe. C’est un tournant dans la vie. Au-delà de la maladie, cela parle à tous les spectateurs. »

 « Il y a quelque chose de très vivant, de très positif dans le film, dans l’acceptation de la maladie. C’est ça, je crois, qui touche beaucoup les spectateurs », ajoute Raphaël Balboni.

Sorti en Belgique en septembre, Une vie démente est arrivé dans les cinémas français le 10 novembre. Des associations départementales France Alzheimer accompagnent l’équipe du film pour se présenter et débattre à la fin de la séance. En Belgique, le film est également projeté dans un autre réseau que celui des salles obscures: celui des écoles, de la santé et du monde associatif avec La Ligue Alzheimer.