14 juillet 2020
Alzheimer, une transmission de cerveau à cerveau

Les travaux de Marc Dhenain et de son équipe ont permis d’expliquer l’origine de certains cas suspects de maladie d’Alzheimer.

On distingue généralement deux formes de maladie d’Alzheimer : la forme sporadique, qui concerne la très grande majorité des cas, et la forme héréditaire. Aujourd’hui, une équipe de chercheurs a identifié, avec le soutien de France Alzheimer, une troisième forme de la maladie : une forme transmissible d’un cerveau à l’autre.

Marc Dhenain et son équipe du centre de recherche préclinique MIRCen (Molecular Imaging Research Center), situé à Fontenay-aux-Roses, ont injecté des préparations issues de cerveaux de personnes décédées de la maladie d’Alzheimer dans des cerveaux de primates. Résultat : les lésions typiques de la maladie d’Alzheimer y sont apparues, comme des plaques amyloïdes et des dégénérescences neurofibrillaires, l’atrophie du cerveau, la perte de neurones… Ainsi, cette étude montre que la maladie d’Alzheimer peut se transmettre d’un cerveau à l’autre.

Pour autant, la maladie d’Alzheimer n’est pas contagieuse dans le sens commun du terme, c’està-dire qu’elle ne se développe pas suite à une infection par des bactéries, des virus ou encore des champignons. La maladie est transmise lorsque des protéines anormales sont introduites chez des personnes saines. « Cela explique 69 cas suspects repérés en 3 ans dans le monde, 69 personnes ayant développé les lésions de la maladie d’Alzheimer et suspectés de l’avoir contractée par transmission », détaille Marc Dhenain.

Trois moyens de transmission ont pour l’instant été identifiés : l’utilisation d’instruments de chirurgie mal décontaminés, la greffe de la dure-mère (membrane épaisse et fibreuse entourant et protégeant l’ensemble du système nerveux central) d’un cerveau Alzheimer sur une personne non malade et enfin l’utilisation d’hormones de croissance d’origine humaine, déjà impliquées dans un scandale lié à la transmission de la maladie de Creutzfeldt-Jakob dans les années 1980.

« Mais beaucoup de risques sont derrière nous », rassure Marc Dhenain. « Les instruments sont maintenant très bien décontaminés. Pour la greffe de la dure-mère, on utilise aujourd’hui une matière synthétique. Quant aux hormones de croissance, elles sont aussi aujourd’hui synthétiques. »

La découverte de l’équipe du Dr Dhenain conforte par ailleurs l’hypothèse de chercheurs qui voulaient placer Alzheimer dans la catégorie des maladies à prions – comme la maladie de CreutzfeldtJakob – soit des maladies où des protéines anormales appelées « prions » contaminent des protéines saines voisines, entraînant ainsi la propagation de la maladie dans le cerveau.

Les travaux de l’équipe de Marc Dhenain sont importants puisqu’ils permettent de mieux comprendre la maladie et notamment son origine. Cette étape est indispensable pour traiter une maladie. « Ces travaux ouvrent même un nouveau pan de recherche. Cela permet de mettre le doigt sur les mécanismes de la maladie, son développement et sa propagation. »