21 juin 2021
À contre temps

Delphine Montaigne a réalisé un court-métrage, A contre-temps, dont l’idée centrale est de dire qu’il faut, coûte que coûte, et à travers le regard d’un jeune, essayer d’établir la communication avec les personnes touchées par une maladie neuro-dégénérative.

La réalisatrice Delphine Montaigne est confrontée depuis peu à cette maladie d’Alzheimer. « À 40 ans, je n’en avais jamais vraiment entendu parler. Je me suis sentie démunie quand je me suis retrouvée face au médecin avec ma maman. Est-ce qu’il y a un traitement ? Comment on l’attrape ? Je posais les questions d’une personne ignorant tout de la maladie », se souvient Delphine Montaigne.

Et puis, cette question : que dire aux enfants ? « Les enfants, c’est le but de la création du film que j’ai voulu réaliser. On les oublie trop vite, on veut les protéger face aux premières questions « Qui es-tu? », et c’est compréhensible. C’est difficile de trouver les bons mots, mais je ne pense pas qu’on leur rende service en les écartant. Il faut dire, expliquer les choses, et écouter la parole de l’enfant. C’est dur mais je pense que c’est nécessaire. Il faut les laisser voir leur grand-père ou leur grand-mère malade. C’est peut-être encore plus compliqué avec des adolescents, mais il faut essayer. On peut leur offrir la possibilité d’accompagner, de faire ensemble un bout de chemin au moins. Ils pourraient d’ailleurs ne pas comprendre qu’on les empêche d’aller voir leur proche. »

C’est d’autant plus important pour Delphine Montaigne « que les enfants ont leur manière à eux de rentrer en contact avec leur proche. Même à 2 ans, faire un dessin et le donner à son grand-père ou à sa grandmère, ça peut créer quelque chose. » C’est tout le sujet en filigrane du court-métrage À contre temps. « Il ne faut jamais laisser tomber. Qui que l’on soit…. On ignore ce qui va déclencher le lien. Mais quand il est là, ça n’a pas de prix. »

Delphine Montaigne adorerait que son film, dans lequel jouent Laurence Cote, Marie Bray, Nadir Benlala et Gérard Dessalles et une quarantaine de figurants et qui est produit par Favorite production, soit proposé dans les écoles. Le court-métrage va maintenant faire le tour des festivals. « Le film a commencé son aventure avec l’association France Alzheimer et maladies apparentées que je veux remercier. On m’a porté tout de suite un regard intéressé sur le scénario et cela m’a donné des ailes pour contacter une société de production. J’ai montré le film aux présidents d’associations départementales France Alzheimer lors d’une assemblée générale en septembre. Il y a tout d’abord eu un silence après la projection, je me suis dit qu’il ne plaisait pas, on a rallumé la lumière, et là, j’ai vu les mouchoirs et j’ai entendu les applaudissements. On a beaucoup pleuré. Ça m’a ravie de savoir que j’étais dans le bon, dans le vrai avec ce film. J’ai été très touchée. Même un César ne vaut pas ces remerciements-là. »

Il ne faut jamais laisser tomber. Qui que l’on soit. Famille ou personnel d’Ehpad. Petit ou grand. Un jour ça fonctionne, l’autre pas. Il peut encore se passer de très belles choses.