28 mai 2018
Déremboursement des médicaments anti-Alzheimer, et après ?

Déremboursement – France Alzheimer et maladies apparentées, et les millions de familles qu’elle accompagne depuis plus de 30 ans, le redoutaient. Agnès Buzyn va le faire… La ministre des Solidarités et de la Santé a annoncé le déremboursement total des médicaments prescrits dans le cadre de la maladie d’Alzheimer. Une décision regrettable pour France Alzheimer.

« Incompréhension », « colère », « consternation »… Autant de réactions des familles que doit prendre en compte ces dernières heures France Alzheimer et maladies apparentées. La faute à quoi, à qui ? A la volonté de  la ministre des Solidarités et de la Santé – s’inscrivant dans la droite lignée des recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) – de dérembourser les 4 médicaments anti-Alzheimer. Si l’Association prend acte de cette décision,  elle l’estime infondée, inadaptée et allant à l’encontre d’une optimisation de la prise en soin des familles.

Si derrière l’expression « efficacité des médicaments », on entend guérir la maladie. Bien entendu, ils ne le sont pas et ne l’ont jamais été. Par contre, si l’on parle d’un effet sur les symptômes des personnes malades, alors oui, ces médicaments sont efficaces comme le soulignent depuis plusieurs années plusieurs études appuyées par l’expertise de neurologues et les témoignages de nombreuses familles.

« Cette décision, c’est aussi remettre en cause le travail des professionnels de santé, des neurologues, des médecins qui, depuis plusieurs années, prescrivaient ces médicaments à leurs patients, conscients des bienfaits sur ces derniers. Ils ne prescrivaient pas ces médicaments pour faire plaisir ou à titre compassionnel, voire pour éviter le désespoir du patient. Sachant que certains médicaments ont d’éventuels effets secondaires, jamais un médecin ne prendrait le risque de les prescrire sans être certains qu’il y a un bénéfice attendu, même modeste », explique Joël Jaouen, président de France Alzheimer et maladies apparentées.

Pour les familles qui entendent, malgré tout, continuer à avoir recours aux médicaments, cela signifie mettre à la main à la poche. Le déremboursement entraînerait une iniquité entre les familles les plus aisées et les plus démunies. Compte tenu du reste à charge extrêmement élevé auquel sont confrontées les familles (plus de 1 200 euros/mois en moyenne), rares sont celles qui pourront, en sus de leurs dépenses actuelles, assumer les 30 euros mensuels équivalents au coût du traitement. Au-delà de la question de l’efficacité et du coût, la prescription des médicaments participait aussi grandement à maintenir un lien thérapeutique entre le médecin et le patient.

La recherche apparait également comme une victime collatérale. En effet, parce qu’ils sont conditionnés à la prise de médicaments, les essais cliniques seront en conséquence limités, avec pour résultat, une impossibilité pour une grande majorité de patients d’accéder aux thérapies innovantes. En devenant le seul pays européen à ne pas rembourser les médicaments, la France compromet sa compétitivité nationale en matière de recherche.

France Alzheimer et maladies apparentées aurait aimé que cette mauvaise décision soit accompagnée d’annonces de moyens financiers conséquents pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer et les  maladies apparentées ; pour le développement de structures et dispositifs de prise en soin qui font toujours cruellement défaut ; pour la mise en place de dispositifs accessibles pour le répit des aidants sur qui repose aujourd’hui le système de prise en soin.

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