Se faire épauler sur les gestes relevant de l’intime

9 décembre 2020
Se faire épauler sur les gestes relevant de l’intime

Les aidants doivent apprendre à connaître leurs limites. Ils peuvent recevoir de l’aide et des conseils, notamment pour la toilette.

Amélie Truptil est psychomotricienne en accueil de jour à Casa Delta 7 à Paris, et formatrice notamment pour l’association France Alzheimer et maladies apparentées. Elle donne des formations sur la toilette intime et l’approche corporelle à destination des professionnels du soin.

La psychomotricienne le dit d’emblée : « Il est important que l’aidant se pose cette question : celle de ses capacités d’accompagnement. Il doit poser ses limites pour être à l’aise  avec ce qu’il fait, pour ne pas s’épuiser ni physiquement ni psychologiquement. J’ai travaillé dans un hôpital gériatrique et je voyais que certains aidants voulaient participer à la toilette autant que possible parce qu’ils sentaient que leur être cher se sentait plus en sécurité affective s’ils étaient présents. Ils voulaient aussi être là pour s’assurer que tout aille bien. Mais j’ai aussi vu d’autres aidants préférer quitter la pièce. Et cela se comprend parce que cela renvoie aussi à des choses complexes, à notre relation avec nos parents par exemple. »

Les aidants peuvent être épaulés par des professionnels du soin. « Les toilettes peuvent par exemple être proposées à domicile par des aides-soignants ou des aides à domicile. Quand l’aidant fait appel à ce type de service, il est important qu’il donne des informations capitales au professionnel, face à une personne malade qui ne peut parfois plus s’exprimer. On ne s’en rend pas compte mais il y a tellement de façons de se laver, de se brosser les dents… Les détails sont importants. La personne préfère-t-elle que la pièce soit chauffée avant le bain ? Utilise-t-elle une serviette ou un peignoir ? Il s’agit de personnaliser l’accompagnement pour que la personne malade se sente le mieux possible et en confiance. »

Mais l’aidant autant que le personnel soignant doivent par contre avoir des notions de la maladie d’Alzheimer. « Très souvent, le personnel soignant se sent démuni par rapport au refus des personnes malades d’être accompagnées pour la toilette. La formation leur donne des clés pour comprendre pourquoi la personne refuse et comment il peut faire autrement. Dans la formation, l’idée est de parler du corps, du rapport au corps, de la communication non-verbale, des gestes, des mimiques. Il s’agit aussi de parler des spécificités de la perception du corps des personnes touchées par la maladie. Ces personnes ont de moins en moins conscience de leur corps. Cela crée des angoisses. Et on sait qu’à partir d’un stade modéré ou avancé de la maladie, la personne touchée par la maladie sera plus sensible à la communication non-verbale. C’est donc notre propre posture, la douceur de nos gestes qui seront essentiels pour la personne malade. »

Mais Amélie Truptil insiste également : les paroles restent importantes.

Article paru dans les actualités de France Alzheimer