26 août 2022
Oestrogenes et Alzheimer

Chez les femmes ménopausées, on observe une diminution de la substance grise dans le cerveau. Cette partie du cerveau est également exposée à la maladie d’Alzheimer. Une étude américaine a montré qu’une exposition plus importante aux œstrogènes, l’hormone sexuelle féminine, permettrait de protéger contre l’apparition de la maladie d’Alzheimer.

Recherche Alzheimer Les œstrogènes sont des hormones sexuelles que les femmes développent en grande quantité à l’adolescence. Libérées par les ovaires de manière cyclique, elles vont permettre de déclencher l’ovulation pendant le cycle menstruel. Une femme continue de produire des œstrogènes jusqu’à la ménopause, période pendant laquelle les taux d’hormones chutent.

Ces hormones ont de puissants effets sur le cerveau, notamment sur la mémoire, en agissant sur plusieurs structures cérébrales. Les récepteurs aux œstrogènes se retrouvent dans beaucoup de régions du cerveau, reflétant les effets possibles de ces molécules sur nos différentes fonctions cognitives. Cependant, ces effets ne sont pas éternels et beaucoup d’études montrent une diminution de plusieurs fonctions cérébrales à la ménopause.

Une équipe de chercheurs de l’université de l’Arizona a interrogé 99 femmes d’environ 50 ans sur différents critères comme leur histoire personnelle, des tests neuropsychologiques et un scanner IRM. Ils ont ainsi mis en évidence que les femmes ayant eu plusieurs enfants, ou celles ayant eu recours à des traitements hormonaux après la ménopause, présentent des risques inférieurs à développer la maladie d’Alzheimer à un âge avancé. La raison derrière ce résultat serait la surexposition aux œstrogènes. En effet, les grossesses successives repoussent l’apparition de la ménopause et permettent de maintenir une exposition aux œstrogènes sur de plus longues périodes et, de la même manière, les traitements hormonaux permettent de combler le vide hormonal laissé par la ménopause. Pendant cette dernière, la diminution du volume des régions du cerveau vulnérable à la maladie d’Alzheimer apparait dans la même période où les mécanismes biologiques de la maladie se mettent en place.

Ces résultats tendent à souligner l’importance des œstrogènes pour le cerveau, notamment pour protéger le système nerveux central. Bien que préliminaire, cette découverte pourrait mettre en avant un mécanisme de la maladie impliquant les hormones sexuelles et pouvant expliquer la différence d’incidence entre les femmes et les hommes.

Référence :
Eva Schelbaum, Lacey Loughlin, Steven Jett, Cenai Zang, Grace Jang, Niharika Malviya, Hollie Hristov, Silky Pahlajani, Richard Isaacson, Jonathan P Dyke, Hooman Kamel, Roberta Diaz Brinton, Lisa Mosconi. Association of Reproductive History With Brain MRI Biomarkers of Dementia Risk in Midlife. Neurology, 2021; 10.1212/WNL.0000000000012941 DOI: 10.1212/WNL.000000000001294