29 janvier 2020
Se faire aider, un pas à franchir

Des aidants éprouvent parfois des difficultés à demander de l’aide.

« Si je dois me faire aider, cela veut dire que je fais mal des choses ? » Voilà une interpellation qui revient parfois aux oreilles de l’Association. Des freins psychologiques peuvent empêcher les aidants à solliciter un soutien, à suivre une formation ou même à simplement franchir la porte d’un café mémoire.

Certains sont convaincus de pouvoir tout faire eux-mêmes du fait de détenir un savoir précieux des habitudes et besoins de leur proche. D’autres ne veulent pas l’intrusion d’une tierce personne de peur de déstabiliser une relation à l’équilibre déjà fragile… D’autres encore vont se sentir coupable de demander de l’aide, comme si cela signifiait qu’ils n’en faisaient pas assez. Ils retardent la sollicitation, souvent jusqu’à l’épuisement.

« J’ai éprouvé beaucoup de difficultés au début à aller aux cafés mémoire. On m’a relancé à plusieurs reprises avant que je ne me décide », explique André, ancien aidant de son épouse originaire du Finistère. Il ne comprend pas exactement ce qui l’a bloqué. « Aujourd’hui, même si ma femme a disparu, je continue d’aller aux cafés mémoire. C’est peut-être le mot « mémoire » qui est mal perçu. C’est comme si on faisait des exercices. J’ai d’ailleurs proposé d’appeler cela “cafés rencontre”. » 

Originaire de l’Eure-et-Loir, Michel, ancien aidant de sa mère, a vécu une histoire similaire. « J’ai vu l’affiche sur les groupes de parole mais je n’ai pas franchi le pas. Je ne ressentais pas vraiment le besoin de m’exprimer », glisse Michel. « Ma sœur se souvient que je lui avais parlé des groupes de parole, mais j’étais très hésitant, par pudeur pense-t-elle. C’est très probable. Mais paradoxalement, une fois le contact établi, j’ai parlé assez facilement. »

Tant André que Michel ont ensuite suivi la formation des aidants, après quelques hésitations pour diverses raisons. « Je comprends que ça puisse bloquer certaines personnes. Des personnes qui ne voudraient pas se rabaisser, selon elles, à suivre une formation pour aider leur proche », glisse André. « Moi, la formation, je l’ai plutôt vue comme une information, pour mieux appréhender cette maladie si compliquée. Si imprévisible aussi dans son évolution. C’est peut-être ça qui bloque. On peut se dire à quoi bon puisque ce qui est valable aujourd’hui n’aura peut-être plus de sens demain.” 

André relève également qu’il a retrouvé plus de femmes que d’hommes lors de sa formation des aidants. Une remarque corroborée par les chiffres du service Formation de l’association. « Nous étions deux ou trois hommes pour un groupe de 14. C’est peut-être une question de fierté. De génération aussi. »

L’expérience d’André, de Michel et de tous ceux qui ont osé franchir le cap nous apprend qu’une fois la peur dépassée, les bénéfices sont au rendez-vous.

Une formation pour les aidants

Axée sur l’accompagnement de la personne dans les actes de sa vie quotidienne, la formation des aidants permet de mieux gérer la situation aux différents stades de la maladie : de l’annonce diagnostique au placement en établissement. Elle traite des divers aspects de la relation entre l’aidant familial et son proche malade pour une meilleure communication. Elle informe sur les différentes aides possibles, matérielles et humaines en évoquant la nécessité pour l’aidant de prendre du répit. Enfin, elle favorise le partage d’expériences pour un soutien mutuel.