La Pair-Aidance

18 octobre 2022
La Pair-Aidance

Lorsque nous sommes confrontés à l’adversité, nous pouvons nous sentir seuls face à notre souffrance, démunis, parfois même, stigmatisés. Dans des situations douloureuses, échanger avec des personnes vivant – ou ayant vécu – une expérience similaire, peut être d’un grand secours. L’entraide entre pairs, axée sur des principes de non-jugement, de partage d’expérience, de bienveillance et de soutien mutuel, constitue ce que nous appelons la « pair-aidance ».

Une application à France Alzheimer Essonne

Dans le cadre des groupes de parole et cafés mémoire que nous animons au sein de l’association, les aidants de personnes touchées par des maladies neurodégénératives ont la possibilité de se rencontrer, afin d’échanger ensemble sur la compréhension de leurs situations respectives, et sur la recherche de solutions aux problématiques qu’ils rencontrent. Ces espaces d’écoute et de soutien mutuel sont étayés par un binôme psychologue-bénévole.

Chacun vit ou a vécu à sa manière la pathologie de son proche. Tous connaissent l’impact de la maladie, et ont développé des stratégies pour y faire face. Selon les étapes franchies, les pairs-aidants expriment librement leurs doutes, leurs peurs, et partagent leurs expériences, leurs « astuces », leurs réussites. Des liens se tissent au fil du temps, chacun s’ouvrant à lui-même et à l’autre, dans un cadre contenant propice à l’expression de soi. Cette entraide permet de sortir de l’isolement et amène à une meilleure acceptation de la maladie. Le pair-aidant peut alors mobiliser des ressources, pour prendre soin de lui et accompagner son proche de façon plus sereine.

Le rôle de la psychologue est d’encourager et soutenir ce processus de pair-aidance, en facilitant l’expression de chacun et le lien entre tous, en apportant un éclairage clinique professionnel, en valorisant l’action des pairs-aidants, et en veillant au maintien du cadre du groupe, dont les principes d’écoute, de soutien, et de bienveillance sont essentiels à son bon fonctionnement. Le bénévole, également pair-aidant de par son vécu de l’accompagnement d’un proche malade, étaye par son écoute et ses interventions, cette dynamique d’entraide.

Ces espaces de partage et de solidarité entre pairs représentent aujourd’hui un formidable moyen de faire société : ils permettent d’insuffler des sentiments d’appartenance et d’espoir aux pairs-aidants, en mobilisant leurs ressources de résilience. Ainsi, la « lutte contre » la maladie peut se muer en « vivre avec » la maladie.

Judith Delvincourt Psychologue