L’appel à projets sciences médicales 2018 vient de s’achever. Onze projets ont été retenus et recevront donc un financement de France Alzheimer et maladies apparentées.

Les causes expliquant l’apparition de la maladie d’Alzheimer restent encore très mal connues. D’où l’importance, pour France Alzheimer et maladies apparentées, de soutenir financièrement la recherche. Cette année encore, l’appel à projets sciences médicales a reçu de nombreuses candidatures. Onze projets ont finalement été retenus et se voient donc attribuer une bourse de la part de l’Association. Cette année encore, un million d’euros seront donc investis pour aider ces chercheurs. Découvrez, ci-dessous, la liste des lauréats et une courte présentation des projets retenus :

Quand les cellules immunitaires nous renseignent sur l’évolution de la maladie d’Alzheimer

1

Pr Carole ELBIM

Montant de la bourse attribuée : 100 000€
Centre de Recherche Saint-Antoine (Paris)

Le professeur Carole Elbim et son équipe du Centre de recherche Saint-Antoine (Paris) s’intéressent depuis plusieurs années à l’implication du système immunitaire dans la maladie d’Alzheimer. Ils étudient plus particulièrement un type de cellules immunitaires appelés les polynucléaires neutrophiles (PNN). De précédentes études ont en effet montré que ces cellules se comportent de façon différente chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, et que ces perturbations semblent liées à celles touchant un autre type de cellules immunitaires, les lymphocytes dits Treg.

Le projet piloté par le Professeur Elbim va chercher à comprendre l’origine de ces modifications du système immunitaire, à la fois par des études en laboratoire, sur des modèles précliniques et sur des analyses d’échantillons sanguins prélevés chez des patients. Les chercheurs parisiens vont ensuite évaluer l’intérêt clinique de détecter dans le sang ces deux populations de cellules immunitaires pour suivre au cours du temps la progression de la maladie. Les résultats obtenus pourraient in fine déboucher sur la mise au point de traitements innovants, appelés immunothérapies, qui visent à moduler l’activité du système immunitaire pour contrôler le développement de la maladie.

Diagnostiquer la maladie d’Alzheimer par une simple prise de sang ?

2

Dr Audrey GABELLE DELOUSTAL

Montant de la bourse attribuée : 100 000€
Centre Mémoire Ressources Recherche (Montpellier)

Aujourd’hui plusieurs outils comme l’imagerie par PET-scan ou l’analyse du liquide céphalo-rachidien ont permis d’améliorer le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Néanmoins, ils se révèlent soit lourds soit coûteux, limitant leur utilisation à grande échelle par les médecins. Grâce au soutien de France Alzheimer, l’équipe du Docteur Audrey Gabelle Deloustal au CHU de Montpellier va pouvoir implanter pour la première fois en Europe une technique diagnostique innovante, reposant une simple prise de sang. Par des technologies dites de protéomique (fondées sur l’analyse des protéines) développées au Japon, elle va confirmer que la présence d’un biomarqueur détecté dans le sang permet de prédire la présence de dépôts amyloïdes au niveau du cerveau, caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.

Ce projet de recherche clinique s’appuie sur la mise à disposition d’échantillons par cinq programmes de recherche français. Les chercheurs vont ainsi pouvoir évaluer l’intérêt de cette technique à tous les stades de la maladie. Objectif : identifier le plus tôt possible les personnes à risque, afin de les orienter par la suite vers des examens complémentaires plus poussés.

Aeta, nouvel acteur dans la communication entre les neurones

3

Dr Hélène MARIE

Montant de la bourse attribuée : 100 000€
Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire (Valbonne)

Les causes de la maladie d’Alzheimer restent aujourd’hui mal connues. On sait qu’au stade précoce de la maladie, les troubles de mémoire qui apparaissent sont notamment liés au fait que les contacts entre les neurones, appelés synapses, fonctionnent de façon anormale. Le Docteur Hélène Marie, chef d’équipe à Sophia-Antipolis, s’intéresse de plus près à un acteur potentiel de ces synapses, le peptide Aeta, qu’elle et son équipe ont découvert en 2015 en collaboration avec des chercheurs allemands. Aeta est probablement impliqué dans la maladie car il est dérivé d’une protéine clé, mutée dans les formes génétiques d’Alzheimer. En partenariat avec une équipe de recherche allemande et une start-up française, le Dr Marie va étudier en détail le rôle d’Aeta dans le cerveau de souris afin de mieux comprendre comment elle modifie l’activité des synapses et les processus cognitifs associés. Ce projet permettra à long terme de mieux comprendre l’impact de la perte synaptique, caractéristique de la maladie d’Alzheimer, afin de trouver des stratégies thérapeutiques innovantes pour l’enrayer.

Comment conserver des neurones plastiques pour préserver les capacités cognitives ?

4

Dr Marie-Jo MOUTIN

Montant de la bourse attribuée : 100 000€
Grenoble Institut des Neurosciences (La Tronche)

Éléments clés de la communication nerveuse, les neurones doivent rester « modelables » pour transporter de façon efficace les messages dans le cerveau. Ainsi, le déclin cognitif observé dans les stades précoces de la maladie d’Alzheimer est notamment dû à une plus faible plasticité des neurones. Le docteur Marie-Jo Moutin et son équipe de l’Institut des neurosciences de Grenoble s’intéressent aux mécanismes qui régissent la forme des neurones, assurés par ce que les biologistes appellent le « cytosquelette ». Ils ont récemment identifié des enzymes recherchées depuis 40 ans, capables de modifier ce cytosquelette et sa dynamique, et donc in fine la capacité qu’a le neurone à changer de forme.

Ce projet va chercher dans un premier temps à mieux comprendre comment ces enzymes agissent sur le cytosquelette, puis à étudier les façons de bloquer leur activité. Objectif : protéger les neurones et in fine les fonctions cognitives.

Un gène de la maladie d’Alzheimer impliqué dans la communication entre les neurones

5

Pr Christophe MULLE

Montant de la bourse attribuée : 100 000€
Université de Bordeaux

Les formes héréditaires précoces de la maladie d’Alzheimer sont causées par des mutations de gènes, dont le gène de l’APP, la protéine précurseur du peptide amyloïde que l’on retrouve dans les plaques amyloïdes du cerveau des patients atteints de la maladie. Il est crucial de définir le rôle joué par l’APP dans le fonctionnement des zones de contact entre les neurones appelés synapses. Cela permettra de mieux comprendre les dérèglements de fonctionnement des circuits neuronaux dans les régions du cerveau impliquées dans la mémoire, à la base du déclin cognitif des malades.

Le projet de recherche fondamentale mené par l’équipe de Christophe Mulle au CNRS à Bordeaux s’appuie sur l’hypothèse originale que la maladie d’Alzheimer est caractérisée par une perturbation de la libération des messagers chimiques à la synapse. Les recherches amélioreront la compréhension des mécanismes biologiques à l’origine de la maladie et ouvriront des perspectives pour l’identification de marqueurs de la maladie dans le liquide céphalo-rachidien, envisagée dans le cadre d’une collaboration internationale.

Comment la démence fronto-temporale modifie les différentes zones du cerveau ?

6

Dr Frederique RENE

Montant de la bourse attribuée : 50 000€
Faculté de médecine (Strasbourg)

La démence frontotemporale (DFT) est la deuxième cause de démence chez les personnes de moins de 65 ans, après la maladie d’Alzheimer. Cette maladie neurodégénérative, pour laquelle il n’existe à ce jour aucun traitement, touche principalement des neurones du cortex mais d’autres populations de neurones dans le cerveau sont également concernées. L’équipe du Docteur Frédérique René à Strasbourg s’intéresse de plus près au rôle joué par le gène CHMP2B, dont les mutations sont connues pour causer la DFT. En activant ou non cette mutation chez différentes populations de neurones, les chercheurs strasbourgeois vont étudier chez la souris la façon dont une dégénérescence touchant une aire cérébrale particulière modifie son comportement. Ce projet permettra ainsi de mettre au point des traitements plus ciblés, adaptés aux symptômes observés.

Une nouvelle piste pour contrer l’accumulation anormale de la protéine tau

7

Pr Krzysztof ROGOWSKI

Montant de la bourse attribuée : 100 000€
Institut de Génétique Humaine (Montpellier)

Parmi les facteurs déclencheurs de la maladie d’Alzheimer, les chercheurs ont identifié il y a plus de 30 ans l’accumulation de la protéine tau dans les neurones. En cherchant à démêler les mécanismes cellulaires qui expliquent cette accumulation anormale de tau, l’équipe du Docteur Krzysztof Rogowski (Institut de génétique humaine, Montpellier) s’est intéressé à son interaction avec une structure présente dans les neurones, les microtubules. Ces microtubules sont des fibres dynamiques, qui entre autres assurent la forme des cellules. L’équipe montpelliéraine va notamment étudier un mécanisme appelé « détyrosination » qui affecte les microtubules et qui pourrait expliquer l’accumulation anormale de la protéine tau. En ciblant ce mécanisme, ils espèrent bloquer l’une des étapes majeures du développement de la maladie d’Alzheimer.

À quel âge agir sur l’alimentation pour réduire le risque de démence ?

8

Dr Cécilia SAMIERI

Montant de la bourse attribuée : 98 888€
Bordeaux Population Health Research Center INSERM U1219 (Bordeaux)

Comment prévenir la maladie d’Alzheimer ? Les chercheurs ont identifié ces dernières années certains facteurs liés au risque de développer la maladie, parmi lesquels la nutrition (combinant activité physique et alimentation). Toutefois, il reste beaucoup de travail pour démêler les liens complexes entre notre alimentation et le risque de développer, des dizaines d’années plus tard, la maladie. Le docteur Cécilia Samieri et son équipe vont développer des modèles statistiques innovants pour décrire le lien entre mode de vie et certains biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer. Ces modèles vont être appliqués à deux grandes cohortes, l’une française et l’autre américaine, qui ont suivi plusieurs dizaines de milliers de personnes depuis l’âge de 40 ans. Les chercheurs bordelais espèrent ainsi comprendre quand et comment le mode de vie peut avoir une influence sur le risque de démence à un âge avancé.

Une nouvelle technique d’imagerie pour mieux suivre les troubles de la mémoire

9

Pr Marie SARAZIN

Montant de la bourse attribuée : 100 000€
Centre hospitalier Saint Anne (Paris)

La maladie d’Alzheimer est aujourd’hui la première cause des troubles progressifs de la mémoire, mais d’autres maladies peuvent également occasionner des troubles similaires. Il est important de distinguer ces différentes maladies pour proposer à chaque patient une prise en charge adaptée à sa pathologie. Pour cela, le professeur Marie Sarazin, de l’Unité de neurologie de la mémoire et du langage basé au Centre hospitalier Sainte-Anne (Paris), mène un projet de recherche clinique utilisant une nouvelle technique d’imagerie cérébrale pour mieux diagnostiquer les causes de troubles progressifs de la mémoire.

Ce projet combine deux technologies de pointe :

  • l’imagerie par résonance magnétique (IRM), qui permet d’observer la structure du cerveau, et
  • la tomographie par émission de positons (PET scan), qui visualise à l’aide de traceurs spécifiques les dépôts anormaux de protéine tau et amyloïde, les deux protéines impliquées dans la maladie d’Alzheimer.

Ce projet, réalisé en collaboration avec le Docteur Michel Bottlaender, du service hospitalier Frédéric-Joliot au CEA d’Orsay, va intégrer 40 patients supplémentaires qui seront suivis pendant 2 ans. Les techniques d’imagerie déployées vont permettre de progresser dans la compréhension des mécanismes biologiques à l’origine des pertes progressives de la mémoire chez les personnes âgées. L’objectif du professeur Sarazin et de ses collègues est de définir des marqueurs caractéristiques des maladies apparentées, afin de mieux les diagnostiquer et de suivre également l’évolution de leur maladie dans le temps.

Cibler les lysosomes, acteurs de l’accumulation d’amyloïde dans le cerveau

10

Dr Guillaume VAN NIEL

Montant de la bourse attribuée : 50 000€
Centre Psychiatrie et Neurosciences (CPN) ( Paris)

Le développement de la maladie d’Alzheimer est associé à une accumulation dans le cerveau d’une molécule toxique appelée peptide amyloïde bêta (Aß) qui altère le fonctionnement des neurones. Cherchant à mieux comprendre les mécanismes responsables de cette accumulation anormale de Aβ au niveau des neurones, l’équipe de Guillaume van Niel à l’Institut de psychiatrie et neurosciences de Paris concentre ses recherches sur le rôle joué par les lysosomes. Ces petits compartiments présents à l’intérieur des cellules agissent comme une déchetterie, en dégradant toutes les molécules « inutiles », comme les peptides Aβ.

L’équipe parisienne a montré que les lysosomes sont capables non seulement de dégrader mais aussi de produire le peptide Aß. Ainsi, en étudiant l’activité des lysosomes dans les neurones grâce à des plusieurs techniques d’imagerie cellulaire, le Dr van Niel espère identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pour stopper la production de ce peptide toxique par les lysosomes ou pour en accélérer la dégradation. Il pourrait ainsi proposer de nouvelles pistes de traitements pour la maladie d’Alzheimer.

Protéger les souvenirs en renforçant l’enveloppe des neurones

11

Pr Laure VERRET

Montant de la bourse attribuée : 90 000€
Université Paul Sabatier (Toulouse)

Notre cerveau est constitué de plusieurs types de neurones assurant chacun une fonction particulière. Parmi eux, les neurones à parvalbumine (PV) jouent un rôle clé dans le maintien des souvenirs. Ces neurones sont recouverts d’une enveloppe de molécules appelée réseau périneuronal (ou PNN), qui assurerait la stabilité du souvenir nouvellement acquis. L’équipe du Docteur Laure Verret, au Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA) à Toulouse, a montré que le PNN est largement absent dans le cerveau de souris modèles de la maladie d’Alzheimer. Leur projet va étudier l’impact de l’absence de cette enveloppe sur l’activité du cerveau et la mémoire de souris. Les chercheurs toulousains vont dans un second temps tenter de reformer les PNN dans le cerveau des souris malades, en vue d’améliorer par ce biais la mémoire des animaux.